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La filière fruits et légumes s’interroge sur E.coli

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Les acteurs de la filière fruits et légumes se sont rassemblés le 25 octobre à Paris lors des assises des fruits et légumes pour faire le point sur la crise E.coli qui a touché les producteurs cet été. Fallait-il parler d’une seule voix ? Quels étaient les messages à faire passer ? Le gouvernement a-t-il bien réagi ? Comment faire pour éviter de nouvelles crises ? Les professionnels ont tenté de répondre à ces questions. « Ces évènements vont de toute façon se répéter car nos connaissances avancent, explique Ambroise Martin, expert à l’Afsa et l’Anses. Auparavant, les crises sanitaires étaient plutôt liées au secteur animal. Ce n’est plus le cas. » Les professionnels indiquent que les risques de contamination sur les graines germées étaient pourtant connus depuis longtemps, et que les messages sur l’hygiène n’ont pas été assez martelés. Des messages qui auraient pu éviter d’autres intoxications alimentaires, selon les organismes. « Il est difficile de parler d’une seule voix, insiste Louis Orenga, directeur du Centre d’Information des viandes. Je suis pour la polyphonie : chacun doit prendre la parole dans son domaine d’expertise, avec des messages cohérents et sûrs. » La Commission européenne face aux critiques Faisant face aux vives critiques, Lars Hoelgaard, conseiller hors classe de la DG Agri de la Commission européenne, a réaffirmé que l’instance bruxelloise avait parfaitement fait son travail. « Nous avons réagi vite et dégagé de suite un budget. Nous n’avons eu aucun mot de reconnaissance du travail de la Commission, a-t-il déploré face à l’assemblée. Nous avons négocié avec la Russie afin qu’elle autorise à nouveau les importations. Ne dites pas que nous n’étions pas conscients des problèmes de la filière. » Egalement critiqué par les producteurs pour son manque de prise de position quant à la production française, Jean-Marc Bournigal, directeur de cabinet au ministère de l’Agriculture, a indiqué qu’il « était difficile de prendre des positions quand il n’y a pas de certitudes. Ce fût une des crises sanitaires les plus importantes. » Le gouvernement a toutefois fait des propositions à Bruxelles pour  pallier à cette crise : avoir une réglementation plus poussée sur les filières végétales, améliorer le suivi des risques sanitaires ou encore renforcer le contrôle sur les produits venant des pays tiers. « Il faut tirer les leçons de cette crise, indique Koen Van Dyck, chef d’unité hygiène des aliments de la DG Sanco de la Commission européenne. L’Efsa a récemment rendu un rapport sur la production des graines germées. Je suis aussi très favorable  aux guides de bonnes pratiques qui complètent la réglementation. » Une opportunité ? Comment sortir de cette crise vers le haut ? Rémy Oudghiri, directeur du département « tendances et consommation de l’institut de sondage Ipsos, livre une piste encourageante. «Dans nos dernières enquêtes, les consommateurs recherchent la traçabilité, l’origine des produits, des aliments locaux, explique-t-il. La crise d’E.coli peut donc être une opportunité pour la production française des fruits et légumes. »