La filière luzerne demande 13 M€ de soutien à Bruxelles pour ses bienfaits environnementaux
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Quelques semaines après l’arrivée du nouveau parlement à Bruxelles, Coop de France Déshydratation souhaite « faire pression sur les nouveaux élus » afin de faire valoir les atouts de la culture de la luzerne dans la prochaine programmation. « Nous demandons une aide de 200 €/ha pour la culture de la luzerne, c’est raisonnable, estime Éric Guillemot, le directeur de Coop de France déshydratation, le 18 juin lors d’une conférence de presse à Paris. L’effet serait remarquable et permettrait de renforcer l’attractivité économique de cette production. » Ce qui représenterait une enveloppe de 13 M€ pour la filière française qui pourrait trouver sa place dans les orientations fixées par le précédent parlement. Ce dernier souhaitait dédier 30 % du budget lié au développement rural à des mesures environnementales et climatiques, et a minima 20 % des paiements directs à des programmes écologiques. Sans ce soutien, Coop de France Déshydratation craint que les surfaces semées, à hauteur de 66 000 ha en 2018, ne continuent de baisser.
Emissions de CO2 : 20 M€ de surcoût pour la filière
D’autant plus que la filière française est pénalisée par la réglementation européenne pour ses émissions de dioxyde de carbone, liées en grande partie au séchage. Elle doit par conséquent acheter des quotas d’émissions, dans le cadre du système d’échange de quotas de l’UE. La charge s’élève à 20 M€/an pour la filière, soit 10 à 15 € de surcoût par tonne de luzerne vendue, dont le prix est compris entre 160 et 170 la tonne. « Cette réglementation n’est pas adaptée à l’agro-alimentaire, puisque nous sommes le seul secteur à stocker du carbone, regrette Éric Guillemot. Il faut que les politiques nous donnent le statut de « fuite de carbone » puisque le secteur de la protéine est stratégique. »
La filière a pourtant fait des efforts considérables pour réduire son impact sur l’environnement. Elle a baissé de près de 50 % ses émissions de CO2. Elle a substitué une partie de sa consommation d’énergies fossiles au profit de la biomasse, qui devrait atteindre 40 % de son mix énergétique à l’horizon 2020. « Mais cela demande de structurer des filières. Rien que sur la Marne, il nous faudrait 300 000 tonnes de plus de bois. Cela prend du temps », estime Yann Martinet, chargé de mission agro-industrie et environnement pour Coop de France. Notre engagement porte déjà ses fruits puisque la filière a atteint un bilan environnemental positif ».