La fin des EGA n’est que le début d’un chantier de taille
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Le 21 décembre, les Etats généraux de l'alimentation se sont achevés au pas de course. Les présidents des ateliers se sont enchaînés à la tribune. Puis ce fut au tour du ministre de l'Agriculture et du Premier ministre. Nicolas Hulot, lui, s'est fait remarquer par son absence de dernière minute. Désaccord sur le contenu des conclusions, manque de fermeté gouvernementale sur certains dossiers… Les rumeurs sont allées bon train. Mais dès le lendemain, le ministre de la Transition écologique a fait une mise au point, rappelant qu'il était en phase avec les dires du Premier ministre et que son absence n'était pas du tout une marque de désintérêt.
Cette journée de clôture fut riche d'annonces et ce, afin de « mettre en œuvre une politique de l'alimentation ambitieuse pour la France ». Le Gouvernement avance trois priorités : assurer la souveraineté alimentaire de la France ; promouvoir des choix alimentaires favorables pour la santé et respectueux pour l'environnement ; et réduire les inégalités d'accès à une alimentation de qualité et durable.
Des réactions plutôt positives
Dans l'ensemble, les réactions furent plutôt positives à l'image de la FNSEA qui se dit « satisfaite ». Elle juge le discours du Gouvernement « de bonne tenue, équilibré, pragmatique. Ce qui est proposé reprend bon nombre de propositions de la FNSEA », a indiqué Christiane Lambert à l'issue des EGA.
Pour Serge Papin, le patron de Système U, « le premier chapitre des EGA, celui qui repose sur l'amélioration du revenu des agriculteurs, s'est clôturé sur une victoire » ajoutant au micro de BFM le 22 décembre que « demain, c'est la matière première agricole qui sera à la base du contrat ».
Pour l'association WWF, le bilan est plus mitigé. « Le projet de loi est déconnecté par rapport à la seconde phase des EGA, qui portait sur les attentes sociétales et environnementales, les plans de filière sont élaborés sans aucun lien avec les travaux des ateliers, et l'eau, le changement climatique et le foncier sont les grands oubliés. »
Les points clés à retenir parmi la soixantaine de mesures annoncées par le ministre de l'Agriculture :
- Un projet de loi sera présenté en Conseil des ministres dans les premières semaines de 2018 pour une entrée en vigueur à la fin du premier semestre 2018. Elle fixera :
o Le mode de répartition de la valeur d'un produit, en partant du principe de la contractualisation inversée
o Le cadre de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires au sein d'une même entreprise
o L'instauration de 50 % de produits bio/de qualité/locaux dans la restauration publique
o Les mesures pour lutter contre le gaspillage alimentaire
o La définition du seuil de revente à perte
o L'encadrement des promotions sur les produits alimentaires, via une expérimentation de deux ans du relèvement du seuil de revente à perte de 10 %
- Un plan de sortie des produits phytosanitaires est en préparation (cf autre article ds cette lettre)
- La répartition des cinq milliards d'euros promis par Emmanuel Macron sera dévoilée au Salon de l'agriculture en février 2008. La trentaine de plans de filière remis au ministre de l'Agriculture en décembre devrait être validée d'ici février et servir au fléchage de cette enveloppe de cinq milliards d'euros.
- Un nouveau plan bio pour le premier trimestre 2018, avec un objectif de 15 % de SAU bio pour 2022 (cf autre article dans cette lettre)
- La France se veut attentive à ce que la prochaine Pac valorise et rémunère les services environnementaux de l'agriculture et favorise les transitions climatiques, énergétiques et territoriales.