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L’agroécologie au cœur du budget du ministère de l’Agriculture pour 2020

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Au lendemain de la présentation du projet de loi de finances 2020, le ministre de l’Agriculture s’est exprimé, le 27 septembre, pour détailler le budget de son ministère. Sur 2020, celui-ci est doté d’une enveloppe de 4,8 milliards d’euros, soit une hausse de 4,1 % en autorisations d’engagements (AE) et de 1 % en crédits de paiement (CP). « C’est un signal fort que notre budget soit en hausse alors que la période est difficile », indique le ministre.

« Notre ambition est celle de la résilience de l’agriculture »

Un montant de 1,77 milliard d’euros, soit 37 % du budget, sera dédié à la compétitivité et à la durabilité des secteurs agricole, agroalimentaire, forestier et de la pêche. « Notre ambition est celle de la résilience de l’agriculture », affirme Didier Guillaume. Les moyens alloués aux mesures agro-environnementales et climatiques (MAEc) et aides à la conversion en bio s’élèvent ainsi à 232 M€ en AE et 128 M€ en CP. Selon le gouvernement, ces dotations doivent permettre d’atteindre l’objectif de 15 % de la SAU en bio d’ici à 2022.

Concernant le financement de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), le ministère insiste sur l’enveloppe « maintenue » à 284,2 M€, alors que le redécoupage des zones est vivement remis en question. La politique forestière bénéficie, quant à elle, de 242 M€ en AE et 247 € en CP. Enfin, les sommes allouées au titre des contreparties nationales au deuxième pilier de la Pac ont été fixées à 620 M€ en AE et 556 M€ en CP. À noter également une augmentation des crédits destinés au pastoralisme et à la prévention de la prédation de 6 M€ par rapport à 2019,  soit 24,7 M€ au total.

Le second axe majeur du budget concerne la prévention des risques sanitaires. Dans ce sens, les moyens du ministère ont été revalorisés, avec un budget de 570 millions d’euros, soit + 6,5 % par rapport à 2019. Le budget alloué à la prévention des maladies, telles que la peste porcine africaine, connaît quant à lui une hausse de 27 M€. « C’est important, les citoyens sont de plus en plus à cheval sur ce sujet », réagit le ministre. Les crédits de paiements alloués à la gestion et à la prévention des foyers de maladies d’origine animale ou végétale sont en hausse de 24,4 %. Le ministre insiste sur l’importance de mettre en place des « contrôles sanitaires tout au long de la chaîne alimentaire ».

sortir du glyphosate

Didier Guillaume indique également rester mobilisé « pour répondre aux attentes fortes de nos concitoyens sur les enjeux de la réduction des produits phytosanitaires ou la prise en compte du bien-être animal » avec les politiques Ecophyto II + et Ecoantibio 2. La sortie de l’utilisation du glyphosate ou l’objectif de 50 % de produits de qualité en restauration collective d’ici à 2022 sont actés.

Enfin, le ministère souhaite accroître son soutien à la recherche, notamment pour faire face au réchauffement climatique et aller vers une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. 136 M€ seront dédiés au Casdar soutenant les acteurs de la recherche appliquée. Un effort qui va de paire avec celui de la formation et du renouvellement des générations. 1,48 milliards d’euros sera destiné à l’enseignement technique agricole, (soit 13 M€ de plus par rapport à 2019), soit 31 % du budget global. Une hausse qui doit permettre d’accompagner la croissance démographique de l’enseignement supérieur et de le promouvoir.

Guillaume confirme la réduction du budget des chambres

Une présentation du budget qui a été également l’occasion de réactions à l’actualité. Suite aux épisodes de sécheresse de l’été, Didier Guillaume a affirmé que le budget du fonds calamité ne bougerait pas et serait de 230 M€. « Ce système est à bout de souffle. Nous avons entamé une réflexion pour mettre en place une assurance afin de répondre aux aléas climatiques qui vont se multiplier. Mais l’État reste au rendez-vous de la solidarité », explique-t-il.

Le ministre a par ailleurs confirmé la réduction du financement des chambres d’agriculture. Une décision critiquée dans un communiqué par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) : « Au lieu d’appuyer les Chambres d’agriculture qui ont pour mission d’accompagner les agriculteurs dans ces transformations, le Gouvernement fait le choix de leur supprimer des moyens. C’est incompréhensible ! » Le syndicat demande plus de cohérence « dans un contexte où les agriculteurs doivent faire face à des changements climatiques, économiques ou sociétaux majeurs ».