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« Le Covid-19 n’est rien par rapport à l’urgence climatique », Arnaud Schwartz, FNE

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Tout juste nommé à la présidence de France nature environnement, Arnaud Schwartz livre à Référence agro ses ambitions en matière d’agriculture : Pac, pesticides, Haute valeur environnementale, agroforesterie, agriculture biologique, mais aussi conséquence de la crise liée au Covid-19 et impact du réchauffement climatique.

Arnaud Schwartz avril 2018 RA crédit France Nature Environnement - © D.R.
Arnaud Schwartz avril 2018 RA crédit France Nature Environnement - © D.R.

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« Le Covid-19 n’est rien par rapport à l’urgence climatique », Arnaud Schwartz, FNE - © D.R.
« Le Covid-19 n’est rien par rapport à l’urgence climatique », Arnaud Schwartz, FNE - © D.R.

Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement, élu le 4 avril 2020.[/caption]

Depuis le 4 avril, Michel Dubromel a cédé la présidence de l’association France nature environnement à Arnaud Schwartz. Entré chez FNE il y a plus de quinze ans, en 2002 au sein de l’association Alsace nature, son engagement à l’échelle nationale s’est officialisé en 2015, lorsqu’il est devenu administrateur puis secrétaire national de FNE. Également membre du Conseil économique et social européen depuis 2017, il accorde une importance au lien avec l’Union européenne, qu’il entend également porter avec l’agriculture. Entretien.

Référence agro : Quelle est votre vision de l’agriculture et que va changer, selon vous, la crise sanitaire que nous vivons ?

Arnaud Schwartz : L’agriculture est en mutation et en réflexion. Elle est à la fin d’un cycle, celui d’une logique imposée par un monde industriel, alors qu’elle était d’abord tournée vers la nature. Elle commence à renouveler ses pratiques mais pas assez en profondeur : il lui manque encore du soutien et de l’accompagnement.

La crise sanitaire que nous vivons met en lumière la nécessité de revenir à des productions locales, respectueuses de la santé des populations et des écosystèmes et d’arrêter les excès de l’importation et l’exportation des aliments à l’échelle planétaire. Mais cette crise n’est rien par rapport à ce que nous allons vivre avec le réchauffement climatique.

R.A. : Quelles sont les premières actions que vous allez mener en agriculture ?

A.S. : Nous avons un gros chantier sur la réforme de la Politique agricole commune. Si nous supprimions les aides de la PAC, la plupart des agriculteurs mettraient la clé sous la porte ! Nous voulons une Pac compatible avec le Green deal, qui comprend une stratégie biodiversité, climat, avec de nouvelles dimensions en matière de commerce international.

Ensuite, nous voulons favoriser certaines pratiques comme la préservation des sols, l’agroforesterie avec des arbres de plein champ et le retour des haies, et bien sûr l’agriculture biologique qui pour nous reste ce vers quoi toutes les exploitations doivent tendre ! Ces pratiques doivent permettre de renforcer les revenus des agriculteurs et de disposer d’outils d’exploitation plus résilients notamment dans le cadre du réchauffement climatique.

R.A. : Que pensez-vous de la Haute valeur environnementale ?

A.S. : Elle aurait eu du sens il y a quinze ans ! A l’heure actuelle, je trouve que la HVE n’est pas assez exigeante. Le cahier des charges ne va pas assez loin, il n’initie pas réellement le changement de pratiques dont nous avons besoin pour faire face aux enjeux climatiques et de biodiversité. France nature environnement va demander au ministère de l’Agriculture une évaluation de ces bénéfices et va discuter d’une évolution du cahier des charges. Enfin, il faut bien rappeler que seul le niveau 3 de la certification environnementale est le seul qui permet la dénomination Haute valeur environnementale.

R.A. : Quelle est votre ambition sur la réduction des pesticides ?

A.S. : Nous souhaitons un arrêt des pesticides de synthèse. Nous constatons que les mesures qui étaient destinées à diminuer les produits phytosanitaires ont été un gâchis d’argent public. Elles sont globalement inefficaces puisqu’elles ont conduit à une hausse de leur usage alors même que le ministère de l’Agriculture a lancé un plan Écophyto pour réduire de moitié les pesticides. Les conseillers agricoles ont-ils mal fait leur travail, sont-ils compétents pour accompagner les agriculteurs dans ce sens ? N’y aurait-il pas une « agrocratie »,véritable frein au développement de nouvelles pratiques ? Quant aux zones non traitées, ZNT, les distances de sécurité sont scandaleusement ridicules. Si toute l’agriculture était en bio, il n’y en aurait pas besoin !