« Le plan algues vertes 2 mobilisera davantage les scientifiques », Christophe Mirmand, préfet de Bretagne
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Référence environnement : Quel bilan tirez-vous du premier plan de lutte contre les algues vertes 2010-2015 (Plav 1) ?
Christophe Mirmand : Dans les huit baies ciblées par le Plav 1, la réduction de la teneur des eaux en nitrates est globalement supérieure à la réduction moyenne constatée au niveau régional. Toutefois, si la quantité d’algues vertes échouées a diminué, elle reste excessive. La prolifération des algues vertes dépend de paramètres climatiques et les résultats ne suivent pas immédiatement les actions mises en place, les efforts doivent donc être poursuivis.
Par ailleurs, la méthode de gouvernance et d’animation mise en place a très bien fonctionné. Les discussions sont amorcées entre le monde agricole et les acteurs environnementaux, le contexte est largement décrispé, avec une volonté de travail collective. Le comité de pilotage, co-animé par le Conseil régional de Bretagne et l’État, a permis ces progrès en offrant la parole à l’ensemble des acteurs concernés : agriculteurs, chambres d’agriculture, élus des collectivités et associations environnementales dont notamment Eau et rivières de Bretagne.
Tous ont exprimé fortement le choix de renouveler ce partenariat. Le deuxième plan prévoit leur présence dans le comité de pilotage lui-même. La participation de chacun ne fait plus débat, il y a une volonté de réussir ensemble.
R.E. : Quelles seront les principales différences entre les Plav 1 et 2 ?
C.M. : Le Plav 1 avait fixé un objectif commun aux huit baies : réduire de 30 % les flux de nitrates émis entre 2010 et 2015 par rapport à la période 1999-2003. Le Plav 2 va, au contraire, fixer des objectifs spécifiques à chacune des baies, adaptés au contexte local - teneur initiale en nitrate des eaux, configuration géographique de la baie - et non plus en une norme régionale indifférenciée, avec des projets eux aussi bien sûr adaptés à chaque territoire algues vertes.
De plus, il est prévu dans le Plav 2 de mobiliser davantage le monde scientifique. Lors du plan 2010-2015, la participation de structures telles que l’Inra, le BRGM et le CNRS* s’était limitée à l’évaluation a posteriori des plans d’actions mis en place. Le nouveau plan fait appel au Centre de ressources et d’expertise scientifique sur l’eau de Bretagne (Creseb), en tant qu’instance de concertation entre ces acteurs scientifiques. Ceux-ci joueront un rôle d’appui et d’accompagnement en amont et tout au long de la réalisation du programme.
R.E. : Les objectifs du PLAV 2 seront-ils déterminés à l’échelle de chaque baie ?
C.M. : Oui, tout à fait. Il revient à chacune des huit baies de faire le bilan du PLAV 1, d’évaluer l’efficacité du dispositif mis en place sur leur territoire puis d’émettre une proposition de projet pour le PLAV 2. Alors sera instauré le dialogue avec le comité de pilotage régional pour redéfinir puis fixer ces projets. Des réunions sont prévues en ce sens en novembre pour faciliter les échanges entre le comité de pilotage, qui souhaite mettre en cohérence les programmes locaux, et chacun des représentants des baies.
R.E. Quels seront les outils d’accompagnement des agriculteurs ?
C.M. : Les MAEc** resteront l’outil principal d’accompagnement des agriculteurs, car elles sont déjà largement mobilisées au niveau régional en dehors du cadre de la lutte contre la prolifération algueuse. Par ailleurs, le Plav 2 prévoit un dispositif financier fondé sur davantage d’aides directes pour le monde agricole. L’innovation sera encouragée et de nouvelles modalités d’action à destination du monde agricole pourront aussi être testées. Concernant la méthanisation, les actions seront maintenues à la condition d’être articulées avec d’autres pratiques. L’objectif n’est pas la méthanisation en soi, mais les pratiques d’épandage qu’elle peut permettre d’améliorer.
R.E. : Le budget consacré à la réalisation du Plav 1 s’élevait à 95 millions d’euros. Quel sera celui du Plav 2 ?
C.M. : La hauteur de leur financement n’est pas encore connue. De même, les fonds alloués par l’État à ce programme ne sont pas annoncés définitivement, ils le seront en fin d’année 2016 en fonction des objectifs que communiqueront les huit baies. Le montant exact de l’enveloppe du Plav 2 ne peut donc pas encore être affirmé, mais il sera du même ordre que celui du Plav 1. L’objectif est de poursuivre les efforts avec la même intensité.
* Institut national de la recherche agronomique, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Centre National de Recherche Scientifique
** Mesures agroenvironnementales et climatiques