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Le plan d'actions phytosanitaires ne satisfait aucune partie prenante

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Le plan d’actions « sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides », présenté le 25 avril par le Gouvernement, est loin de faire l’unanimité… Une insatisfaction généralisée qui n’est pas surprenante. Le sujet brûlant des produits phytosanitaires n’a jamais fait l’objet de consensus. Une feuille de route concernant leur avenir pouvait donc difficilement obtenir l’approbation des différentes parties prenantes. Chacune d’entre elles a l’impression que les deux mois de concertations n’ont pas servi à grand-chose.

Manque d’ambition, selon les environnementalistes

Les associations environnementalistes s’insurgent contre l’insuffisance des solutions proposées et le manque de volonté politique, notamment en ce qui concerne le glyphosate. Aucune interdiction n’est fixée pour l’utilisation de la molécule. « Le compte n’y est pas », déclare Générations futures. « Où sont les solutions nouvelles ? », s’insurge France nature environnement. Pour la Confédération paysanne, « ce plan se cache derrière la prétendue absence d’alternatives et les besoins en recherche sur celles-ci. »

Le contrat de solutions mis en avant par la profession agricole

Le reste du monde agricole, en revanche, proteste contre les nouvelles interdictions et charges supplémentaires. « Nous sommes prêts à progresser, mais pour cela, il faut des agriculteurs debout, pas des exploitations à genoux ! », s’exclame la Fnsea, qui regrette que « le Gouvernement avance seul » alors qu’elle porte, avec plus de 35 partenaires, un contrat de solutions. Le syndicat réclame, le plus rapidement possible, une étude d’impacts économiques de toutes les décisions dévoilées dans le plan d’actions. Pour la Coordination rurale, ce plan « annonce clairement l’augmentation des contraintes pour les agriculteurs avec pour conséquence une nouvelle baisse de leur revenu déjà calamiteux. »

Haro sur l’augmentation de la redevance pour pollutions diffuses…

Coop de France regrette également la faible évolution du plan d’actions, « ou seulement dans le sens d’un durcissement des mesures envisagées », malgré les deux mois de consultation. Le syndicat, qui rappelle son opposition « à toute hausse de taxes » susceptible d’encourager les circuits d’achats transfrontaliers, signale que « si les 130 millions de la Redevance pour pollutions diffuses retournaient effectivement aux agriculteurs pour le financement de la transition, il n’y aurait aucun besoin de l’augmenter. » Coop de France souhaite « continuer à privilégier le dialogue et la concertation aux interdictions, le cadre communautaire aux décisions hexagonales, la recherche de solutions à l’imposition de normes. Autrement dit, « faire preuve d’intelligence ensemble. »

… et sur d’éventuelles mesures franco-françaises

L'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), enfin, espère pour sa part que le pilotage par les quatre ministères améliore la cohérence et la lisibilité de la politique du Gouvernement. « Une évolution vers une moindre utilisation de produits phytosanitaires suppose un investissement fort en recherche et innovation, dans l’amélioration des pratiques agronomiques et dans l’accompagnement des agriculteurs. » L’UIPP va participer aux groupes de travail en restant vigilante pour éviter de voir se créer « une nouvelle vague de contraintes réglementaires injustifiées » et « des mesures franco-françaises ».