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Le Sénat formule 20 propositions pour une alimentation durable en 2050

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La délégation à la prospective du Sénat a adopté, à l’unanimité, le 28 mai, un rapport sur l’alimentation durable à l’horizon 2050. Vingt propositions sont formulées, articulées autour de quatre enjeux : l’indépendance, l’écologie, le social et la santé. Le développement des légumineuses, la liaison des aides de la Pac aux surfaces, ou l’encouragement vers un élevage extensif font parte des propositions des sénateurs.

Le Sénat formule 20 propositions pour une alimentation durable en 2050
Le Sénat formule 20 propositions pour une alimentation durable en 2050

La crise du Covid-19 a remis sur le devant de la scène les enjeux de souveraineté alimentaire mais aussi de durabilité. C’est justement dans ce contexte que la délégation à la prospective du Sénat, a adopté, le 28 mai et à l’unanimité, un rapport intitulé « Vers une alimentation durable : un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France ». Celui-ci liste 20 propositions pour atteindre cet objectif à l’horizon 2050. « Ce travail a été lancé il y a six mois, avant la crise du Covid, mais nous avions déjà identifié que l’alimentation était un sujet social », indique Françoise Cartron (LREM), rapporteure du rapport. Avec Jean-Luc Fichet (SOCR), également rapporteur, ils ont détaillé le contenu du rapport, ce même jour.

Sécuriser la production et l’approvisionnement locaux

Les propositions sont réparties en quatre enjeux majeurs. Le premier d’entre eux est de « remettre la sécurité d’approvisionnement au cœur des objectifs des politiques alimentaires ». Parmi les objectifs fixés par les sénateurs figure la définition d’une stratégie d’autonomie protéique pour la France et l’Europe, s’appuyant sur la relocalisation de productions actuellement trop dépendantes des importations, tel que le soja. Dans l’Hexagone, l’annonce d’un plan protéines est attendue depuis l’automne 2019. A cette même fin, le rapport invite à stimuler les investissements pour développer des semences de protéagineux plus performantes ; davantage soutenir les projets agricoles et alimentaires territoriaux, pour permettre au plus grand nombre d’avoir accès à une production locale ; et enfin à impulser une politique foncière permettant l’installation de producteurs locaux.

Développer une filière légumineuses forte

Par ailleurs, dans une seconde catégorie de proposition centrée sur l’enjeu écologique, le rapport en appelle au développement de la filière légumineuses, qui serait la « clé de voûte de la transformation des systèmes alimentaires pour accélérer la transition agroécologique ». Pour cela, les sénateurs attendent beaucoup de la Pac, avec la rémunération des services agro-systémiques. « Les aides ne doivent plus être attribuées en fonction des surfaces mais selon le travail réalisé par les agriculteurs, qui sont les premiers acteurs du développement durable », explique Jean-Luc Fichet. Pour accompagner cette transition, les dispositifs de contractualisation au sein de la filière légumineuses sont vivement encouragés. La diversification, l’allongement des rotations, le développement de variétés de légumineuses « plus productives et moins sensibles aux aléas », font aussi partie des propositions. « Ce secteur a été abandonné par la France, nous devons redonner à la recherche les moyens de dynamiser l’enjeu de relocalisation et de production de légumineuses, compte tenu de la place qu’elles pourraient prendre dans notre alimentation », résume Françoise Cartron.

L’épineuse question du foncier

Pour permettre à ces cultures de se développer en France, les sénateurs insistent sur l’enjeu de l’accès au foncier. « Nous sommes pour une réorganisation du foncier, pour permettre la diversification des cultures », affirme Jean-Luc Fichet. Dans ce cadre, les sénateurs se prononcent pour une moindre - mais meilleure - consommation de viande, à coupler à un modèle d’élevage plus extensif. Ce qui permettrait, selon eux, de libérer également du foncier pour la culture de légumineuses. « Les agriculteurs que nous avons reçus sont prêts à prendre ce virage, mais les légumineuses ne sont pas des cultures comme les autres, le besoin d’accompagnement est important », explique François Cartron. Suite à la publication de ce rapport, les sénateurs expliquent avoir pour projet la présentation d’une résolution, par les deux rapporteurs. « Celle-ci concernera notamment les orientations de la prochaine Pac, nous allons suivre cela de très près, en sollicitant des députés européens pour la porter », détaille la rapporteuse.