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« Les CEPP ont le mérite de donner un objectif de moyens », Baptiste Gatouillat, administrateur national de Jeunes Agriculteurs

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Le 7 mars, soit la veille du Comité national d’orientation et de suivi (Cnos) du plan Écophyto, le syndicat Jeunes Agriculteurs a affirmé, dans un communiqué, soutenir le principe des Certificats d’économie de produits phytosanitaires, CEPP, « qui, pour une fois, ne pénalise pas les exploitants, met l’amont de la filière dans une dynamique de progrès et prend en compte les pas de temps nécessaires à l’évolution des pratiques agricoles. » Une position reprise par Stéphane Le Foll le 8 mars, lors du Cnos, se réjouissant de l’ouverture d’esprit des JA. Entretien avec Baptiste Gatouillat, administrateur national de Jeunes Agriculteurs et responsable du dossier environnement. Il nous livre sa vision des principaux dossiers environnementaux. Référence environnement : Vous vous êtes déclarés favorables aux CEPP : pouvez-vous expliquer votre position ? Baptiste Gatouillat : Pour Jeunes Agriculteurs, les CEPP ont le mérite de donner un objectif de moyens plutôt que de résultats. Les actions pour réduire l’impact des produits phytosanitaires devront être faites avec l’ensemble de la filière, dont les distributeurs. Autrement dit, les efforts seront collectifs. De plus, les moyens mis en place pour arriver à l’objectif des CEPP se feront de manière progressive sur une période d’expérimentation. R.E. : Que pensez-vous plus globalement du plan Écophyto ? B.G. : Nous analysons le plan Écophyto à travers deux enjeux : réduire l’impact des produits phytosanitaires sur le milieu et l’homme et avoir des solutions alternatives efficaces pour maintenir la rentabilité économique de nos exploitations. Il y a dans Écophyto des moyens pour cela. Les taxes que paye l’agriculture doivent servir à ce changement et non à des organismes qui n’ont comme objectifs que de financer leurs structures. R.E. : La loi pour la reconquête de la biodiversité va être à nouveau examinée par l’Assemblée nationale. Qu’attendez-vous de ce texte ? B.G. : Nous attendons de la loi biodiversité qu’elle favorise l’initiative et l’innovation, plutôt que la répression et l’écologie punitive. Les agriculteurs travaillent avec la nature et sont les premiers écologistes. Cette loi doit reconnaître et encourager cet état de fait. L’agriculture est source de biodiversité. Sans un soutien des agriculteurs, cette loi n’a pas lieu d’être. La terre agricole, notre premier outil de travail, doit être protégée de tout nouveau zonage environnemental. Réhabilitons d’abord les terrains en déprise ! Les positions démagogiques, telles celle sur les néonicotinoides, ne doivent pas être adoptées. La nature doit être valorisée, mais pas sanctuarisée, en interaction et en intelligence avec l’humain. Nous appelons les parlementaires des deux assemblées à se mobiliser pour soutenir les démarches de la profession agricole sur ce sujet. R.E. : Comment les Jeunes Agriculteurs se situent-ils par rapport à l’agro-écologie ? B.G. : C’est un concept inventé par le ministère de l’Agriculture il y a un an, mais c’est surtout une réalité mise en œuvre par les agriculteurs depuis longtemps. La stratégie est donc bonne, encore faut-il donner aux agriculteurs les moyens de la mettre en œuvre : moyens de production, intrants, accès à l’eau pour diversifier les assolements… Jeunes Agriculteurs se situe dans une démarche volontaire et proactive de l’agro écologie. R.E. : Comment doit agir la représentation syndicale des agriculteurs sur les sujets environnementaux ? B.G. : Si l’on reprend l’historique de notre syndicat, nous avons toujours eu une approche proactive de l’environnement. Nous préférons l’incitation à la sanction, l’expérimentation, l’innovation. Nous devons continuer notre travail de proposition avec les ministères. C’est pourquoi nous demandons que les syndicats soient mieux représentés dans les instances afin d’éviter toute réglementation improductive pour l’agriculture. Nous devons agir pour le bien des agriculteurs et de notre environnement et communiquer auprès des citoyens sur l’activité agricole. Les ONG doivent comprendre notre métier et nos pratiques. Notre pays doit nous faire confiance, car l’agriculture est la solution au changement climatique, à une alimentation de qualité. Mais pour que le travail continue, toutes les polémiques doivent cesser, comme sur la qualité de l’eau ou les résidus phytosanitaires.