« Les deux tiers des CERFrance se préparent au conseil stratégique », Philippe Boullet, CERFrance
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Dans le cadre de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires, CERFrance, acteur référent du conseil d’entreprise et d’expertise comptable, se positionne pour réaliser des conseils stratégiques auprès des agriculteurs. Philippe Boullet, directeur du pôle performance et prospectives au Conseil national CERFrance, explique à Référence Agro l’implication et les ambitions de sa structure dans cette nouvelle démarche.
Référence Agro : Pourquoi se lancer dans le conseil stratégique ?
Philippe Boullet : C’est une vision globale. Il y a les phytosanitaires mais aussi le carbone, la biodiversité, les paiements pour services environnementaux. En se positionnant sur la question, le CERFrance veut être source de création de valeurs pour les agriculteurs. L’obligation réglementaire permettra aux exploitants de s’inscrire dans des filières à plus forte valeur ajoutée. En d’autres termes, en se fondant sur l’évaluation de la performance globale de l’exploitation et en conseillant pour réussir durablement, l’agriculteur crée et rentabilise de la valeur sur son exploitation. En tant que référent du conseil d’entreprise et d’expertise comptable, proche des agriculteurs, le CERFrance a toute légitimité dans cette action.
R.A. : Tous les CERFrance se lancent-ils dans l’aventure ?
P.B. : Non, cela dépendra des partenariats locaux. Pour le moment, les deux tiers des CERFrance se préparent au conseil stratégique. Quatre sont déjà certifiés conseil et quatre autres ont déposé une demande auprès d’un organisme certificateur. Je ne peux pas les citer, ils n’ont pas encore officiellement communiqué sur le sujet.
RA : Les quatre CERFrance certifiés sont donc en conformité ?
PB : Pas encore. Les nouvelles règles de gouvernance nécessitent que les agriculteurs administrateurs des CER concernés, qui sont parfois également administrateurs dans plusieurs organisations, associatives ou coopératives notamment, s’assurent que leurs fonctions n’exercent pas d’activités incompatibles au regard de la loi de séparation de la vente et du conseil en phytopharmacie. C’est ce à quoi nous travaillons.
RA : Comment allez-vous mettre en place le conseil stratégique ?
PB : Le processus est réglementaire et donc très encadré. Nous allons proposer un diagnostic qui comportera un plan d’actions et un suivi. Nous travaillons sur les outils à mettre en œuvre pour proposer une prestation de qualité, avec le plus d’efficacité tant pour l’agriculteur que pour le CERFrance. L’objectif de ces outils ? Limiter le coût et les aspects fastidieux. Grâce à notre statut d’expert-comptable, nous disposons d’un bon nombre d’informations pour la réalisation du diagnostic. Sur cette base nous pourrons nous concentrer avec l’agriculteur sur la co-construction du plan d’action plutôt que sur la recherche des données. L’intégration d’un suivi annuel largement automatisé est aussi en cours.
RA : Quel sera le coût pour l’agriculteur ?
PB : Les grilles tarifaires ne sont pas encore arrêtées car nous sommes en train d’optimiser la partie diagnostic. Chaque CERFrance aura sa liberté de tarifs.
RA : Où en êtes-vous concrètement ?
PB : Pour le moment, il y a peu d’agriculteurs qui ont l’obligation immédiate d’un conseil stratégique, liée au rythme du renouvellement de leur certiphyto. Nous avons bâti notre outil de diagnostic, conseil et suivi ce semestre et nous formons des collaborateurs. Il y a 1400 conseillers au CERFrance dont 300 qui interviennent sur les prestations environnement. Fin 2021, nous estimons qu’il y aura une centaine de conseillers en plus qui seront formés sur la performance globale. Nous voulons être opérationnels à 100 % à la rentrée.