« Les ecoschemes seront un soutien direct aux pratiques durables »
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Si la transition agroécologique est nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, la question de son financement reste entière. À l’occasion d’une conférence organisée par Agridées, les paiements pour services environnementaux ont été plusieurs fois évoqués comme la voie à emprunter, notamment à travers la Politique agricole commune.
« La transformation de l’agriculture est à terme plus importante que celle du secteur énergétique, pourtant responsable de 70 % des émissions, car elle met en jeu notre rapport au vivant et aux écosystèmes », estime Christian de Perthuis, professeur d’économie et fondateur de la Chaire économie du climat (CEC), en ouverture de la conférence « Entreprise agricole et défi climatique », organisée le 29 septembre par Agridées. Si le rôle de l’agriculture dans cette transition a été maintes fois souligné, son financement continue d’animer les débats. « La question que l’on se pose aujourd’hui, c’est qui paie la transition de l’agriculture », résume Henri Bies-Péré, vice-président de la FNSEA.
Appel à la structuration des PSE
Pour répondre à cette question, une piste fait consensus : celle des paiements pour services environnementaux. Un dispositif auquel réfléchissent un nombre croissant d’acteurs et organisations du secteur agricole, à l’image de l’association Bleu Blanc Cœur. « Notre gouvernance a supprimé il y a deux ans les tourteaux de soja importés, c’est parfois compliqué de suivre en volaille ou porc. La relance de la production de légumineuses françaises coûte cher, nous devons faire attention à ce que ce ne soit pas le producteur qui finance le delta coût », indique Nathalie Kerhoas, directrice de la structure. Dans ce cadre, les intervenants attendent beaucoup de la prochaine Pac, et notamment du dispositif des « ecoschemes ». « Ces éco-régimes seront un soutien direct aux pratiques durables, au-delà de ce qui est obligatoire, rappelle Ricard Ramon i Sumoy, chef d’unité adjoint perspectives agricoles à la DG Agriculture de la Commission européenne. Nous souhaitons notamment donner plus d’importance au stockage du carbone. » Les modalités de ce dispositif demeurent néanmoins pour l’heure inconnues.
Prendre en compte le risque
Si le sujet des PSE monte en puissance, Henri Bies-Péré plaide de manière plus globale pour l’activation d’un ensemble de leviers pour « créer un climat qui va rassurer les agriculteurs ». Une position également défendue par François Mandin, président de l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (APAD), qui porte le déploiement de l’agriculture de conservation des sols. « Pour que ces pratiques prennent de l’ampleur, il nous manque l’exemple. Le politique doit se saisir de l’enjeu de la prise de risque », appelle-t-il. « Les assurances doivent prendre en charge cette période de transition et le risque qu’elle représente, cela doit être intégré dans les politiques publiques », abonde Paul Luu, secrétaire exécutif de l’initiative 4 pour 1000. L’investissement dans la recherche, la structuration du marché du carbone ou le choix du consommateur pour des produits à forte valeur ajoutée, sont également souhaités.