Les émissions de GES de l’agriculture sont stables en 2019, selon le Citepa
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Le Citepa a publié, le 23 juin, les données nationales d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques pour les années 2018 et 2019. L’agriculture représentait, selon les premières estimations, 19,4 % des émissions de GES en France en 2019, dont près de 8 % pour l’élevage bovin. Explications avec Colas Robert, le responsable de la rédaction du rapport Secten, regroupant ces données.
Publié tous les ans, le rapport Secten du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa) regroupe les données nationales d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques, par secteur d’activité. Les chiffres 2018 et les premières estimations pour 2019 ont été dévoilés le 23 juin. Entre ces deux années, les émissions du secteur agricole sont restées stables (0 %). L’agriculture représentait ainsi 19,4 % des émissions de GES en 2019, derrière les transports (31 %), mais devant l’énergie (10 %), par exemple. Plus précisément, le secteur bovin prend la plus grande part du gâteau des émissions avec 7,7 %. À noter néanmoins que les puits de carbone ne sont pas comptabilisés dans ces chiffres.
Les émissions d’ammoniac au plus bas depuis 1980
Le secteur agricole pèse néanmoins peu dans la réduction de 4 % des émissions françaises de GES en 2018 (- 1 % estimé en 2019), portée principalement par les secteurs de la production d’électricité et le chauffage. Les émissions agricoles ont, pour leur part, baissé de 2 % entre 2017 et 2018, notamment en raison d’une moindre taille des cheptels. « Le secteur agricole est marqué par sa stabilité, les baisses ou les hausses d’émissions sont rarement fortes, explique Colas Robert, le responsable du rapport Secten. Ce n’est pas un secteur qui entraîne de fortes évolutions globales. » Une même dynamique est à l’œuvre pour l’ammoniac. Contrairement à la plupart des émissions de polluants atmosphériques, en baisse depuis 1990, celles de NH3 sont stables depuis 2006. Mais avec 592 kt en 2019, les émissions d’ammoniac atteignent leur plus bas niveau depuis 1980. « Nous sommes encore au-dessus de l’objectif fixé pour 2020 dans la directive NEC, à 582 kt, rappelle Colas Robert. Les chiffres 2019 sont néanmoins encore provisoires et ont été calculés selon des hypothèses conservatrices, nous pouvons donc espérer, même si cela se jouera sûrement à l’épaisseur du trait, atteindre l’objectif. »
Dynamique dans les évolutions de pratiques
De manière générale, selon le Citepa, les évolutions d’émissions en agriculture sont aujourd’hui davantage liées à des changements structurels que de pratiques. En effet, les techniques de réduction des émissions sont moins faciles à mettre en œuvre en élevage bovin, d’où proviennent la majorité des émissions d’ammoniac et de méthane. Ce qui se traduit dans les stratégies nationales. « La réduction envisagée d’émissions dans la Stratégie nationale bas carbone pour l’agriculture n’est pas énorme par rapport à d’autres secteurs où l’on peut rêver à la neutralité carbone, souligne Colas Robert. D’ailleurs, selon les calculs du ministère de l’Agriculture pour 2050, les reliquats d’émissions sont surtout agricoles. Mais d’ici là, nous espérons que les évolutions de pratiques, mais aussi les forêts, permettront d’atteindre la neutralité. » Une réelle dynamique est tout de même à l’œuvre dans les équipements en matériel, avec une hausse de l’usage des pendillards dans les zones en excédents d’azote, de la méthanisation, et du recours à des couvertures de fosse à lisier et au raclage des effluents en bâtiments, indique l’équipe agriculture du Citepa.