De grandes attentes pour le second mandat Macron
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Souveraineté, transition, renouvellement des générations, pesticides, les attentes sur l’agriculture pour le second mandat d’Emmanuel Macron sont grandes, du côté des syndicats et des ONG. Alors que le président réélu a assuré que la planification écologique serait au cœur des missions de son prochain Premier ministre, l’identité de ce dernier, comme du reste du gouvernement, suscite de nombreuses spéculations.
Emmanuel Macron a été réélu, le 24 avril, à la présidence française. Si la victoire face à l’extrême droite est saluée de manière unanime dans les rangs des syndicats et ONG s’étant exprimés suite à cette réélection, ces derniers témoignent néanmoins de fortes attentes. Du côté de la FNSEA, la priorité est mis sur la souveraineté alimentaire, dans un contexte de crise sanitaire et de guerre ukrainienne. Le syndicat appelle ainsi à ce que le prochain ministre en charge de l’agriculture déploie les mesures qu’il avait formulées durant la campagne. Chez les Jeunes agriculteurs, l’accent est mis, sans surprise, sur le renouvellement des générations. Le vote d’une loi d’orientation et d’avenir pour l’agriculture, évoquée lors du Salon de l’agriculture par Emmanuel Macron, concentre les attentes du syndicat. Le texte devrait aussi aborder la question du foncier. Comme la FNSEA et JA, l’Union française des semenciers, UFS, a présenté ses félicitations à Emmanuel Macron et a, pour sa part, précisé ses attentes sur le soutien à l’innovation, le numérique et la génétique. Dans un tweet, Dominique Chargé, président de La coopération agricole, a salué cette élection en insistant sur les ambitions de LCA : « faire plus, mieux et durable au service de notre souveraineté alimentaire ».
Un bilan environnemental remis en cause
Le ton est tout autre chez la Confédération paysanne, qui dénonce un « bilan agricole catastrophique ». Selon elle, « la responsabilité face aux enjeux de transition agroécologique et de renouvellement paysan oblige de ne pas perdre cinq années supplémentaires ». La montée en puissance de l’action en faveur de la transition agroécologique est appelé de leurs vœux par France nature environnement, pour qui la prochaine loi agricole est une priorité des mois à venir, ou FNH, qui appelle à un « accompagnement massif des agriculteurs à sortir des pesticides ». Tout comme Europe-Ecologie les verts, les ONG demandent à se saisir du rendez-vous des législatives pour porter ces positions.
Un Premier ministre chargé de la planification écologique
« Les quelques promesses nouvelles faites entre les deux tours doivent se concrétiser rapidement et être complétées car elles ne suffisent pas », plaide pour sa part Matthieu Orphelin, député EE-LV dans un communiqué. Lors de son meeting à Marseille, le 16 avril, le candidat Macron a en effet insisté sur sa volonté de mener, au cours de son second mandat, une politique écologique, pour notamment, alors que la France a pris du retard sur le sujet, doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette ambition serait incarnée par le Premier ministre, « chargé de la planification écologique », qui serait lui-même épaulé par deux ministres en charge pour l’un de la sortie des énergies fossiles, pour l’autre des transports.
Un gouvernement qui devrait être fortement renouvelé
Qui, alors, pour incarner cette politique ? Personne ne le sait encore, mais les pronostics vont bon train. Le nom de l’actuel ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, proche du président, agite les bruits de couloirs. Mais il n’est pas le seul : Elisabeth Borne, ministre du Travail, serait également pressentie, tout comme l’ancienne ministre de l’Economie (2007-2019), ancienne directrice générale du Fonds monétaire international, FMI (2011-2019), et actuelle présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. Le président se serait en effet montré en faveur d’une nomination féminine, selon Clément Beaune, Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, interrogé le 25 avril sur BFMTV. Qui également au ministère de l’Agriculture ? Ce qui est sûr, c’est que peu de ministres en place devraient maintenir leur position au sein du prochain gouvernement. Objectif : marquer le début d’une nouvelle ère et, cela reste à voir, d’une nouvelle politique. Mais le suspens pourrait encore un peu durer. Emmanuel Macron a jusqu’au 13 mai pour être investi. En 2017, ce dernier avait nommé son premier ministre au lendemain de son investiture.