Les Hauts-de-France font le pari de la bioéconomie
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Les Hauts-de-France ont de grandes ambitions pour la bioéconomie. Deux ans après l’adoption d’un master plan dédié, un premier retour d’expériences des projets engagés a été présenté, lors d’un webinaire organisé le 26 novembre. Pour aller plus loin, la Région va mettre en place l’année prochaine un Observatoire, dont les résultats seront publiés sur un portail qui vient d’être lancé.
En France, la bioéconomie représente un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros. Bien décidés à capitaliser sur ce sujet, les Hauts-de-France ont adopté un master plan il y a deux ans pour favoriser le développement de ces filières.« Notre région est propice à la bioéconomie, grâce à notre système agricole, nos entreprises agro-alimentaires et notre façade maritime », déclare Hélène Preudhomme, chargée de mission bioéconomie chez Agro-Transfert, lors d’un webinaire organisé par le pôle bioéconomie régional, IAR, le 26 novembre. La région ambitionne en effet de devenir un acteur de premier plan dans ce domaine. « La demande est de plus en plus importante sur l’utilisation de biomasse issue de nos territoires, à laquelle nous voulons apporter une valeur ajoutée » souligne Hélène Preudhomme.
Le master plan de la région est scindé en quatre axes : pousser la filière protéine, développer les matériaux biosourcés, soutenir les biotechnologies et favoriser les énergies renouvelables. « Nous voulons arriver à 25 % d’énergie renouvelable d’ici à 2025 », précise notamment Hélène Preudhomme. Afin de réaliser ces objectifs, un portail de la bioéconomie a été lancé en ligne, et un observatoire de la bioéconomie et de la biomasse est en cours de création. IL devrait être mis en place l’année prochaine « L’objectif est de recenser tous les projets existants et de mettre les résultats à la disposition de tous », précise-t-elle.
Des pistes de valorisation
Dans le cadre de ce plan, plusieurs projets de valorisation de productions agricoles sont soutenus. C’est le cas du projet Peel de la société SDP, dont l’objectif est de valoriser les peaux de tomates. Ce co-produit a permis de mettre en lumière le caractère élictique, c’est-à-dire qui stimule les gènes de défense, de molécules présentes dans les drêches de tomates. Cette découverte permettrait la création de solutions de biocontrôle. « Des tests sont en cours contre la septoriose et la fusariose en blé, et contre la tavelure du pommier », explique Cedric Ernenwein, directeur recherche et innovation chez SDP. Les tests aux champs ont permis une réduction de la pression entre 20 et 50 %. « Cela permettrait d’augmenter la valeur ajoutée des tomates. Avec la production actuelle en France, il serait possible de traiter plus d’un million d’hectares », déclare Cedric Ernenwein,. Reste encore néanmoins un frein de taille : la structuration de la filière et les débouchés
Des débouchés à créer
Le constat est partagé par Béatrice Maire, qui a créé en 2017 l’entreprise Graine de choc. Elle valorise la féverole dans l’alimentation humaine en l’incorporant dans des pâtes à tartiner en remplacement de l’huile de palme. En 2020, seulement six tonnes de féverole, sur 40 récoltées par cinq agriculteurs, ont été transformées,. « Trop peu pour que les coopératives acceptent de s’engager, regrette Béatrice Maire. Beaucoup d’agriculteurs nous sollicitent pour travailler avec nous et valoriser leurs cultures mais nous ne pouvons pas répondre à leurs demandes, par manque de débouchés. »
Par le biais de son portail en ligne, les Hauts de France espèrent favoriser la mise en lien entre les porteurs de projet et des structures permettant la création de filières. « Nous voulons favoriser des projets d’équipe, souvent transversaux, afin d’avancer ensemble » conclue Hélène Preudhomme.