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« Les objectifs du Green Deal ne seront pas à atteindre par chaque agriculteur », Wolfgang Burtscher, DG Agri

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Les stratégies pour l’agriculture et la biodiversité de la Commission européenne présentées, la question est désormais celle de leur conformité avec la prochaine Pac, attendues en 2023. Lors d’un webinaire organisé le 7 juillet, le directeur général de la DG Agri, Wolfgang Burtscher, et le député européen Jérémy Decerle sont revenus sur ces enjeux. Ecoschemes, rémunération par actif et traités de libre-échange étaient au centre des discussions.

« Les objectifs du Green Deal ne seront pas à atteindre par chaque agriculteur », Wolfgang Burtscher, DG Agri
« Les objectifs du Green Deal ne seront pas à atteindre par chaque agriculteur », Wolfgang Burtscher, DG Agri

La Commission européenne a présenté, en parallèle de son cadre budgétaire pour 2021-2027, une revalorisation de sa proposition pour la prochaine Pac, datant de 2018. Mais cette hausse du budget, qui doit encore être validée par le Parlement et le Conseil européen, sera-t-elle à la hauteur des ambitions affichées par le Green Deal pour le secteur agricole ? « Un budget approprié est évidemment une des conditions à remplir pour mettre en œuvre le Green Deal, explique Wolfgang Burtscher, directeur général à la DG Agriculture de la Commission européenne, lors d’un webinaire organisé le 7 juillet. Des éléments dans la prochaine Pac sont prévus dans ce sens. » 

Des recommandations envoyées aux Etats-membres en fin d’année 

Les objectifs fixés par la stratégie Farm to Fork et pour la biodiversité avaient suscité une levée de boucliers au sein du secteur agricole. Le directeur général de la DG Agri se veut rassurant. « Ces chiffres ont une valeur communautaire pour la Commission européenne, qui tiendra compte des spécificités de chaque Etat membre lors de l’examen des Plans stratégiques nationaux, attendus pour la fin de l’année. Ces objectifs ne seront donc pas à atteindre par chaque agriculteur. » La Commission devrait formuler des recommandations aux différents pays, en fin d’année, sur l’ensemble des questions relatives au Green Deal, pour préciser ce qui est attendu de chaque Etat membre. Le député européen Renew, et agriculteur, Jérémy Decerle a insisté sur l’avance prise par l’agriculture européenne sur les sujets du bien-être animal ou de l’agroécologie : « Cela est aussi dû à la Pac, même si c’est vrai qu’elle doit évoluer. Le système n’est pas totalement nul mais il a atteint ses limites. »

Rémunération par actif et plus par hectares

S’il regrette le manque de clarté du cap de la Pac, Jérémy Decerle souligne l’ouverture créée par sa réforme, au sujet de l’attribution des aides par actifs. « Nous devons déjà mieux définir ce qu’est un actif agricole, ce n’est pas normal qu’un certain nombre de personnalités n’exerçant pas le métier d’agriculteurs reçoivent des aides, indique le député européen. La Pac doit retrouver du sens. » Appelant à une gestion innovante sur des sujets comme la gestion des risques, Jérémy Decerle insiste : « Le Pac ne doit pas continuer d’être le revenu des agriculteurs, mais permettre ce revenu. » A ce sujet, le directeur général de la DG Agri précise : « Nous avons proposé que les aides directes soient plafonnées à 100 00 euros, nous espérons que cela sera acté. » Sur ces questions de rétributions, des discussions sont également en cours au sein du Parlement européen pour définir les contours du dispositif des ecoschemes. « Nous n’avons pas encore de chiffre, mais nous devons trouver un équilibre entre écologie et économie », précise Wolfgang Burtscher.

Faire sortir l’agriculture de l’OMC

Autre sujet d’inquiétude au sein du secteur agricole, les importations de produits de moindre qualité et les accords de libre-échange. « La stratégie Farm to Fork indique que les produits importés doivent être conformes à la réglementation européenne. Nous sommes conscients de ces inquiétudes que nous prendrons en compte », réagit Wolfgang Burtscher. Mais pour Jérémy Decerle, des actes plus forts sont attendus. « Il faut sortir l’agriculture de l’OMC, on ne peut plus continuer à négocier des kilos de viande contre des portes de voiture ! ».

Un Conseil européen extraordinaire est prévu les 17 et 18 juillet, pour débattre du plan de relance et du cadre budgétaire européen.