« Les questions restent nombreuses autour d’Écophyto 2+ », Christian Durlin, vice-président de la commission environnement de la FNSEA
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Référence environnement : Quel message avez-vous porté, en tant que représentant de la FNSEA, lors du premier COS Écophyto 2+ ?
Christian Durlin : Les quatre ministres se sont clairement positionnés pour une réduction des utilisations des pesticides de synthèse. Les enjeux sont partagés par tous, y compris par la profession ! Nous sommes convaincus que la pression sociétale et les contraintes techniques nous orientent dans cette direction. C’est tout le sens du Contrat de solutions, que nous avons fait valoir. Nous avons été entendus, et les ministres semblent partants, même si nous n’avons pas de visibilité claire sur la manière dont cette démarche va être intégrée à Écophyto. L’invitation au COS du président du comité de pilotage du contrat de solutions, Eric Thirouin, est toutefois un signal positif. Nous avons également profité de cette rencontre pour mettre en avant les résultats positifs… car il y en a ! Tout en soulignant que dans les fermes Dephy, à la pointe des pratiques alternatives, les réductions sont prometteuses : -17 %, mais pas encore aux -50 % attendus pour 2025.
R.E. : Êtes-vous satisfait de l’exposé des quatre ministres concernant Écophyto ?
C.D. : Les questions restent nombreuses. Les documents fournis ne proposent aucune estimation de l’impact économique de la réduction des usages de produits phytos. La compétitivité de l’agriculture française n’est pas analysée. Un flou qui s’épaissit quand il s’agit d’aborder l’accompagnement de l’agriculture. Quid des investissements et du conseil qui doit évoluer ? Les outils d’aide à la décision, le matériel de pulvérisation de précision, de désherbage mécanique… ont un prix. Tout cela n’est ni chiffré, ni mesuré.
Concernant la recherche, les moyens investis, en hausse, sont une bonne nouvelle. Mais l’administration annonce qu’ils seront partagés entre la recherche d’indicateurs et d’outils de mesures d’impact environnemental des pratiques agricoles, ainsi que la recherche d’alternatives. Il nous semble indispensable de mettre clairement l’accent sur ce second poste d’investissement ! Enfin, le calendrier reste à la fois très précis et très vague. Les échéances sont posées, mais le chemin pour y arriver n’est pas du tout balisé.
R.E. : Comment-jugez-vous ce premier rendez-vous ?
C.D. : La démarche est trop descendante. Un constat symbolisé par le tour de table : sur 75 membres du COS, seize sont issus du monde agricole, dont quatre représentants des exploitants. Dix-sept représentent les ONG environnementales et les associations de consommateurs. Il n’est pas étonnant dans ces conditions qu’Écophyto reste dans l’injonction. Nous pensons qu’il faut davantage partir de l’exploitation pour trouver les bonnes solutions.
R.E. : Que pensez-vous de la task force annoncée en soutien du COS ?
C.D. : Le projet est encore en réflexion ! Il existe une task force dédiée au glyphosate, associant l’Inra, l’Acta-le réseau des instituts techniques et les chambres d’agriculture via l’APCA. L’idée du préfet Bisch serait de l’élargir à l’ensemble des produits phytosanitaires, en intégrant d’autres partenaires. Pour le moment, nous n’avons pas davantage d’information…