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Les services écosystémiques peuvent être utiles aux politiques de l’eau

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Le concept de services écosytémiques peut-il aider à mettre en œuvre la Directive cadre sur l’eau (DCE) ? Tel était l’objet du colloque « Water Science meets Policy », organisé à Bruxelles le 30 septembre, par l’Onema et la Direction générale de la Recherche et de l’Innovation de la Commission européenne. Plus de 130 personnes se sont réunies autour du concept de services écosystémiques. Il repose sur le lien entre le bon fonctionnement des écosystèmes, lui-même en lien avec le bon état écologique, et certaines retombées positives pour l’homme, comme l’approvisionnement en eau ou en nourriture, la biodiversité, ou encore la qualité paysagère. « S’ils ne sont pas directement mentionnés dans la DCE, ces services peuvent se mettre en place aux différents stades de mise en œuvre de la directive », explique Nirmala Séon-Massin, chargée de mission changement climatique et biodiversité à l’Onema. D’une part, l’identification de ces services « rendus par la nature » et leur évaluation économique mettent en lumière l’intérêt de restaurer les écosystèmes, et les bénéfices socio-économiques qui en découlent. Une démarche convergente avec les objectifs de qualité de la DCE. D’autre part, « La DCE prévoit des reports de délais pour l’atteinte du bon état des masses d’eau, en cas de coût exorbitant pour les actions de réhabilitation. Mais il faut pouvoir argumenter avec des chiffres, poursuit Nirmala Séon-Massin. La difficulté d’évaluer les bénéfices économiques du bon état peut être en partie contournée par la prise en compte des services écologiques ainsi restaurés. » Comment faire sur le terrain ? « Des difficultés méthodologiques importantes subsistent, auxquelles s’attèlent les scientifiques. Dans le cadre de projets de restauration ou de préservation des milieux aquatiques, l’évaluation sur le terrain peut être conduite par un bureau d’études, sous l’impulsion d’un ou plusieurs acteurs de la gestion de l’eau, explique la chargée de mission. Des travaux existent déjà : les agences de l’eau ont réalisé des évaluations de ce type sur les zones humides. » Rémunérer les agriculteurs Autre exemple emblématique : celui de la ville de New York dont la qualité de l’eau potable avait fortement diminué dans les années 90. Le coût d’investissement dans une usine de traitement était tellement haut, que les élus de la ville ont choisi de rémunérer les agriculteurs et les sylviculteurs sur les bassins de Catskills afin qu’ils améliorent leurs pratiques culturales. « L’approche par les services écosystémiques est une autre manière d’appréhender les bassins versants de façon intégrée, cela permet le dialogue entre les parties prenantes sur la base d’éléments communs, poursuit Nirmala Séon-Massin. Mais elle est complexe à construire et tous les bénéfices ne sont pas quantifiables financièrement. » Pour sensibiliser à ces démarches, le projet européen Psiconnect (http://www.psiconnect.eu/) a mis en place un jeu de rôle qui a été présenté lors du séminaire à Bruxelles. Une façon ludique de comprendre ces enjeux.