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L’innovation doit stimuler les dimensions durables et sociales de l’agriculture, selon le Cese

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« En agriculture, l’innovation doit porter la transition vers des modes de production résilients et durables, à l’image de l’agroécologie ou l’agriculture biologique. » C’est le préalable posé dans un avis adopté le 8 janvier par le Conseil économique, social et environnemental (Cese), à 132 voix pour, 41 absentions et 3 contre. Cet avis liste les quatre dimensions de l’innovation retenues par le Cese : l’agronomie, le numérique, la technologie et l’organisation du travail. « Nous avons mis un accent particulier sur ce dernier aspect, trop souvent oublié, glisse Betty Hervé, secrétaire nationale de la Confédération française démocratique du travail et rapporteuse de l’avis. Il est celui qui porte le plus de progrès sociaux. » Les agriculteurs et agricultrices interrogés par le Cese ont notamment cité les services de remplacement comme un véritable progrès.

Associer la société civile à l’innovation agricole

« L’innovation doit rester l’affaire des acteurs, des hommes et des femmes de l’agriculture », ajoute sa co-rapporteuse Anne-Claire Vial, présidente d’Arvalis-Institut du végétal. Y compris la société civile, que l’avis prône d’associer aux évolutions de l’agriculture. L’acceptabilité des innovations, notamment génétiques, a agité les discussions au sein du Cese. Concertation générale, transparence et déontologie sont les réponses apportées par les auteurs du texte. Parmi les autres idées fortes : privilégier l’approche systémique dans l’innovation, respecter la propriété des données agricoles utilisées, et s’appuyer sur la formation et les démarches collectives pour diffuser la nouveauté.

Didier Guillaume valide

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’est invité, à la dernière minute, à la présentation de l’avis. « Je souscris à votre approche et aux finalités de votre travail », a-t-il lancé, tout en ajoutant une dimension indispensable à ses yeux : la bioéconomie. Le ministre en a profité pour souligner les orientations de sa politique : « Nous agissons déjà sur la dimension collective de l’innovation, l’approche transversale dans la recherche, le rôle essentiel de la formation. Sur ce dernier aspect, des actions fortes seront annoncées dans les semaines à venir. » Il a également rappelé la place centrale de l’innovation dans le grand programme d’investissement de cinq milliards d’euros prévu pour l’agriculture.

Adopté, mais pas à l’unanimité

Si le ministre s’est enfin « réjoui de voir que progressivement, le consensus se forgeait autour des grands enjeux agricoles actuels », le vote a montré que tous les groupes représentés au sein du Cese ne se rangent pas derrière l’avis. Les deux personnalités qualifiées s’y sont même opposées. Cécile Claveirole, journaliste siégeant au conseil d’administration de France nature environnement, trouve le texte « insuffisant pour une transition en profondeur », malgré le fait que tous ses amendements aient été adoptés. Jacques Pasquier, de la Confédération paysanne, regrette une vision de l’innovation dont les atouts « ne profitent pas assez aux agriculteurs ». Le groupe environnement, quant à lui, s’est abstenu : Florence Denier-Pasquier, s’exprimait en son nom. Elle estime ainsi que le texte « propose un constat pertinent, mais ne va pas assez loin dans les propositions », restant trop proche du modèle actuel.