L’Institut Montaigne veut faire de la France la « première puissance agricole durable »
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Pour placer la question agricole au cœur des élections présidentielles de 2022, l’Institut Montaigne publie un rapport, le 28 octobre. Le document liste six chantiers prioritaires pour le secteur, entre renouvellement des générations, revenu agricole et changements de pratiques. Objectif : faire de la France la première puissance agricole durable.
Faire de la France « le premier pays agricole durable » en Europe : c’est l’ambition de l’Institut Montaigne. Dans un rapport diffusé le 28 octobre, intitulé « En campagne pour l’agriculture de demain », le think-tank liste une série de leviers à activer et d’obstacles à surmonter pour y parvenir. Les auteurs du document insistent particulièrement sur les enjeux liés au recul de la compétitivité agricole et alimentaire française, à la dépendance aux protéines végétales importées, au renouvellement des générations, ou à l’accompagnement des changements de pratiques. Et ce, alors même que la demande alimentaire va augmenter et se morceler, en raison des nouveaux régimes et habitudes alimentaires. « Répondre à cette équation alimentaire dans un nouveau paradigme climatique est le grand défi du XXIe siècle », résume le rapport.
Pour la résoudre, ses auteurs souhaitent mettre l’enjeu agricole « au cœur de la présidentielle » à venir. « La France reste le premier pays agricole européen, mais son excédent commercial agro-alimentaire a fondu d’un tiers en dix ans, en particulier vis-à-vis de ses partenaires européens, du fait de la dégradation de sa compétitivité, constate Hervé Gaymard, ancien ministre de l’Agriculture (2002-2004), qui a présidé la rédaction du document. La reconquête de notre souveraineté alimentaire doit être un des visages de la France au 21e siècle. »
Six chantiers identifiés par l’Institut Montaigne
Pour relever l’ensemble de ces challenges, l’Institut Montaigne appelle à les considérer « comme une opportunité de repenser notre souveraineté alimentaire ». Pour cela, l’organisation a identifié six chantiers prioritaires, à mener conjointement :
- donner un cap stratégique cohérent et de long terme aux politiques publiques. Cette vision constitue le socle de la reconquête agricole et agroalimentaire, via notamment la reconquête de la souveraineté protéinique ;
- restaurer la compétitivité des filières agricoles, via des conditions de concurrence loyale, afin d’éviter de « pénaliser les »mieux disant« , comme la France l’est bien souvent, sur le marché unique » ;
- revaloriser le revenu agricole et réenchanter les métiers pour attirer les nouvelles générations, alors que 18 % des ménages agricoles vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté ;
- donner aux agriculteurs les moyens de produire et entreprendre durablement, en renforçant notamment la protection du foncier agricole et en permettant à l’agriculture de « bénéficier des avancées de la recherche génétique » ;
- accompagner les changements de pratiques agricoles. Ce défi requiert un effort accru de recherche et de déploiement des innovations, un accompagnement plus soutenu des modes de production plus durables (HVE, bio, signes de qualité), une réforme des outils de gestion des risques, et la rémunération des pratiques vertueuses ;
- accélérer la marche vers une alimentation durable et de qualité. Cette transition alimentaire passera par un effort accru de lutte contre la précarité et le gaspillage alimentaires.