L’interdiction des phytos sur les SIE fait débat au sein des eurodéputés
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La Commission Agriculture du Parlement européen a rejeté, le 30 mai 2017, l'acte délégué relatif au verdissement des aides de la Pac proposé par la Commission européenne. « Alors que ces nouvelles propositions de simplification avaient été accueillies favorablement par le secteur, l'interdiction de l'utilisation des produits phytosanitaires sur les surfaces d'intérêts écologiques (SIE) à vocation productive a créé un véritable débat au Parlement européen et au Conseil des ministres », expliquent les eurodéputés Michel Dantin et Angélique Delahaye, du groupe du Parti populaire européen (Démocrates-Chrétiens), dans un communiqué commun. Et de rappeler que la Pac autorise le développement de cultures productives sur ces parcelles, notamment de protéagineux et de légumineuses parce que « l'Europe est extrêmement dépendante des pays tiers dans ce domaine ».
L'enjeu : la dépendance en fourrages protéiques
Pour Michel Dantin, remettre en cause l'une des réussites du verdissement des aides de la Pac, si critiqué, serait paradoxal : « depuis la mise en place de ces mesures, ces cultures ont augmenté de près de 75 % ». Les eurodéputés appellent leurs collègues à suivre la recommandation de la Commission Agriculture lors du vote sur le sujet en session plénière, le 13 juin. « Un tel projet pourrait augmenter les importations des fourrages protéiques manquants, sans aucune garantie que ces produits respectent nos normes sanitaires et environnementales », complète Angélique Delahaye.
Mais les eurodéputés du groupe de l'Alliance progressiste des socialistes et démocrates ne sont pas du même avis et annoncent qu'ils voteront pour l'interdiction. Ces derniers souhaitent réserver les SIE à la biodiversité et mettre en œuvre un véritable « plan protéine ». L'eurodéputé Jean-Paul Denanot prépare d'ailleurs un rapport stratégique sur le sujet, « avec des solutions pérennes qui ne nuiront pas à l'environnement ».
De son côté, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) appelle également à accepter l'interdiction. Pour l'association, de nombreux agriculteurs utilisent les SIE à « des cultures intensives chargées d'intrants » et la proposition de la Commission vise « à garantir un minimum de qualité écologique dans ces secteurs ».