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L’ONG Générations futures publie un rapport sur la présence dans l’air de pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens

Le | Politique

Après s’être intéressée à la présence de résidus de pesticides suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (PE) dans les eaux de surfaces et souterraines, et l’alimentation, l’association Générations futures publie un nouveau rapport sur leur présence dans l’air. L’ONG s’est emparé des données diffusées en décembre 2019 par les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa), de quinze années de mesure des pesticides dans l’air. Ces données, regroupée dans la base PhytAtmo, correspondent à la période 2002-2017.

Des données peu homogènes au niveau national

Toutes les régions ne disposaient pas de données sur l’année 2017. L’association a donc complété avec les chiffres les plus récents pour les régions manquantes. Concernant les mesures « France entière », 104 substances actives ont été quantifiées (52 en 2017), pour 4622 quantifications en tout (1633 en 2017). Pour les seules données de l’année 2017, le rapport affirme que 27,55 % des quantifications de pesticides dans l’air relevaient de pesticides classées CMR 1 ou 2, et 56,33 %, de pesticides suspectées PE.

« Peu de substances sont recherchées, donc ce sont plutôt les plus préoccupantes qui ressortent, c’est un biais grossissant éventuel », reconnaît le président de l’association, François Veillerette, lors d’une présentation du rapport, le 18 février. Pour ce dernier, ces résultats sont néanmoins l’illustration que « l’air est une voie réelle d’exposition des populations ». Si l’association insiste sur le nombre de substances quantifiées, les résultats sont plus vagues sur la concentration de ces dernières dans l’air, et sur leur potentiel impact sur la santé. Actuellement, aucun seuil réglementaire n’existe pour la présence de phytosanitaires dans l’air. Suite aux résultats avancés, l’association renouvelle son souhait d’une sortie de l’utilisation des pesticides de synthèse. Et plaide « pour une information en temps réel des traitements aux riverains ». L’association déposera par ailleurs un recours au Conseil d’État, le 25 février, contre l’arrêté fixant les distances des ZNT.

« Une présentation taillée pour effrayer », selon l’UIPP

De son côté, l’Union des industries de protection des plantes (UIPP) fustige l’interprétation faite de ces données par Générations futures. « Les quantifications listées dans la base ATMO ne disent rien, en elles-mêmes, sur l’exposition de la population. D’autant plus que ce sont surtout les molécules les plus à risques qui sont recherchées », explique Ronan Vigouroux, responsable environnement et agriculture durable à l’UIPP. Ce dernier regrette l’absence d’analyses statistiques dans le rapport de l’association pour contextualiser les mesures de la base ATMO. « Pour Générations futures, la détection même de ces substances est un soucis alors que nous, nous affirmons que les niveaux relevés ne posent pas de danger. » Le responsable souligne par ailleurs l’aspect hétérogène des mesures agglomérées dans la base ATMO : « Une expérimentation a été réalisée dans la Marne en 2009 sur la dispersion de produits pulvérisés dans la vigne, les mesures ont donc été réalisées lors des traitements à proximité d’un pulvérisateur. À elles seules, ces mesures représentent la moitié des concentrations observées ! ». Quant à l’absence de seuil réglementaire sur cet enjeu, cela s’explique, pour le responsable de l’UIPP, par la faible exposition, via l’air inhalé, de la population générale aux pesticides.