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Manifestations, annonces, déception… la crise se poursuit

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Entre les discussions à Bruxelles et à Matignon, la semaine présageait de bonnes nouvelles pour le monde agricole. Les annonces conjoncturelles de baisse de charges ou d'une possible révision du plan Ecophyto n'ont pas suffi à rassurer et à calmer les manifestants. La crise est plus profonde. Des solutions à long terme, validées par les 28 Etats membres, doivent être trouvées. Prochaine échéance : le 14 mars, à Bruxelles.


Même s'il est revenu bredouille du conseil des ministres européens le 15 février à Bruxelles, Stéphane Le Foll assure que « les choses ont bougé » : les 28 Etats membres reconnaissent enfin que la crise sur les marchés du lait et du porc est profonde ! Le Commissaire européen Phil Hogan, en charge de l'agriculture, a demandé aux 28 pays de lister, avant le 25 février, leurs propositions pour sortir de cette spirale. Toute éventuelle décision est donc repoussée au 14 mars, date du prochain conseil européen. La Commission a déjà prévenu : elle veut des propositions nouvelles, innovantes, finançables, légales et qui font consensus à 28. Pas simple ! La France confirme son souhait de réguler les marchés - mais pas question de revenir sur les quotas laitiers - , d'obtenir des mécanismes pour venir en aide aux agriculteurs en difficulté tout en demandant que prenne fin l'embargo russe. Notre ministre aura l'occasion de le rappeler à Phil Hogan puisqu'un rendez-vous entre les deux hommes est prévu le 25 février à Paris.


Fonds d'urgence et baisse des charges

En France, alors que manifestations et blocages de sites se sont poursuivis toute la semaine, le gouvernement a, faute de pouvoir jouer sur les prix, annoncé le 17 février une réduction des charges sociales. Elles passent de 45 à 35 %, soit une mesure à 600 M€. Pour les agriculteurs aux revenus les plus faibles, un report automatique d'un an, reconductible trois ans, de toutes les cotisations sociales de 2016 est acté. Autre décision de la semaine : la création d'un fonds de soutien aux éleveurs de porcs (cf autre actu dans cette lettre). Si Xavier Beulin, le président de la FNSEA, a salué ces annonces, il souligne que les agriculteurs resteront mobilisés au moins jusqu'au 29 février. C'est à cette date que se terminent les négociations commerciales sur les prix avec les distributeurs, la restauration collective et les transformateurs. Ce que veulent les agriculteurs, ce sont des prix, pour « pouvoir vivre dignement de leur métier ». Leclerc s'est déjà engagé à ne pas demander de nouvelles baisses de prix sur les produits laitiers français et de maintenir les grilles tarifaires de 2015.


La copie du plan Ecophyto revue

Outre les prix, la revendication des agriculteurs porte également, depuis le début de la crise, sur les excès réglementaires. Le premier ministre a, en partie, répondu à ces demandes. Un comité national d'élaboration des normes sous l'égide d'un préfet sera créé prochainement. Il sera composé d'un collège interministériel et de la profession agricole et devrait se réunir juste après le Salon international de l'agriculture. Ses missions : simplifier les normes et les expérimenter avant leur mise en œuvre. La profession agricole pourrait aussi obtenir gain de cause au sujet du plan Ecophyto. Les indicateurs de suivi qu'elle propose devraient être pris en compte par le gouvernement. Ils aborderont aussi la question de la baisse des sanctions prévues dans le cadre des Certificats d'économie de produits phytosanitaires (CEPP).