Marché du carbone : Coop de France déshydratation tire le bilan des projets domestiques
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Le gouvernement réfléchit à s’insérer à nouveau dans les projets domestiques des émissions de CO2. Une solution proposée par Bruxelles aux Etats membres, fondée sur le volontariat et qui peut concerner des activités non présentes sur le marché du carbone comme l’agriculture. La France avait opté pour cette solution sur la période 2008-2012 mais n’a pas renouvelé l’essai. Le gouvernement se questionne à nouveau et a demandé une mission d’évaluation du dispositif. Dans ce cadre, le Conseil général de l’environnement et du développement durable CGEDD a audité, le 8 avril, des structures qui ont participé aux projets domestiques, dont Coop de France déshydratation. L’objectif est de dresser un bilan global du dispositif et de formuler des propositions sur les suites pouvant y être données. Entretien avec Yann Martinet, Chargé de mission agro-industrie & environnement à Coop de France déshydratation. Référence environnement : Quels projets avez-vous menés dans le cadre du système domestique des émissions de CO2 ? Yann martinet : Deux projets ont été acceptés. L’un sur les économies d’énergie et l’autre sur la substitution de l’énergie fossile par de la biomasse. Le premier a consisté à mettre en place un préfanage au champ de la luzerne pour que celle-ci arrive dans l’usine de déshydratation avec moins d’eau et réduire l’énergie nécessaire au séchage. Dans le deuxième, nous avons remplacé une partie du charbon par du bois, au niveau des générateurs d’air chaud. R.E. : Quels résultats avez-vous obtenu ? Y.M. : Nous avons évité 550 000 tonnes d’émissions de CO2, dont 55 % en économies d’énergie et 45 % en substitution par la biomasse. Ces tonnes économisées ont été valorisées sur les marchés carbone à hauteur de 5,5 millions d’euros. Le montage et l’exécution de ces dispositifs complexes n’auraient pu se faire sans l’aide précieuse de la CDC, la Caisse de dépôt et consignation, qui a joué un rôle central dans la gestion des tonnes de carbone. Elles ont été revendues à l’électricien allemand RWE et à l’entreprise GeoPost, qui regroupe les activités de colis express de La Poste, dans le cadre de son projet « Total zéro ». Le contrat avait été validé dès le début du projet, ce qui nous a sécurisés. R.E. : Quel bilan tirez-vous de ces initiatives ? Y.M. : La complexité du montage des dossiers, l’exigence des critères d’acceptation, la comptabilité experte des émissions, la certification des comptes, en découragent plus d’un. Coop de France Déshydratation s’étant porté agrégateur de projets pour ses coopératives mandantes, a dépensé plus de 200 000 euros pour la gestion administrative de ces deux projets. Toutefois, nous tirons un bilan très positif de ces engagements volontaires, puisqu’ils nous ont permis de créer de l’emploi industriel en zone rurale, tout en répondant à une demande sociétale légitime qui est de préserver la qualité de notre environnement. En cela, c’est une très belle réussite. Ce faisant, depuis 2006 et le dernier découplage des aides de la PAC, les usines ne touchent plus aucune aide directe à la production de fourrages déshydratés : pour fabriquer et vendre leurs produits, elles doivent donc être dans le marché. Nous recherchons activement des leviers pour poursuivre notre transition énergétique tant les prix de la biomasse se sont envolés ces dernières années, rendant difficile la généralisation de son usage. Et ce, d’autant que les prix de l’énergie fossile ont baissé. En cela, la réflexion menée par le CGEDD nous intéresse au premier plan, car en entrant de plain pied dans le système d’échange de quotas depuis 2013 depuis la fin des projets domestiques, notre filière se trouve considérablement fragilisée par sa position d’acheteuse sur les marchés carbone.