Matériels d’épandage moins émissifs, le ministère de l’Agriculture présente son plan d’action pour 2025
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Pour limiter les émissions liées à l’épandage, le ministère de l’Agriculture a diffusé, le 31 mars, son plan d’action à horizon 2025. Dix fiches-action sont détaillées, pour notamment rendre plus accessibles les alternatives existantes, mais aussi aller vers une meilleure prise en compte de l’enjeu de la qualité de l’air, dans la prochaine Pac ou au sein du label éco-épandage. Objectif : pouvoir interdire les matériels les plus émissifs en 2025.
Résultat de travaux initiés en 2019 par les ministères en charge de l’agriculture et de la transition écologique, le « Plan matériels d’épandage moins émissifs » a été diffusé le 31 mars, après avoir été adopté en janvier 2021. Il doit notamment permettre d’atteindre l’objectif fixé par la directive européenne NEC, d’une réduction de 13 % des émissions françaises d’ammoniac en 2030, par rapport à 2005. Le plan regroupe dix fiches-action pour l’horizon 2025, mais également un état des lieux identifiant les matériels et pratiques agricoles réduisant le plus les émissions d’ammoniac. Pour cela, treize pratiques d’épandage des effluents ont été analysées, à travers les prismes environnemental, économique et social pour les exploitations. L’objectif affiché est d’interdire progressivement jusqu’en 2025 les buses à palette et l’incorporation des effluents « solides » dans un délai post épandage inférieur à douze heures, « dans les contextes économiques, agronomiques et organisationnels qui le permettent ».
Des alternatives encore onéreuses
Actuellement, la tonne à lisier avec buse palette est le matériel d’épandage d’effluents liquides le plus utilisé. Or, hormis un couplage avec un enfouissement rapide, celle-ci ne permet aucune réduction des émissions d’ammoniac. Le rapport cite plusieurs alternatives comme l’utilisation d’une tonne à lisier avec rampe à pendillards, qui permettrait une réduction des émissions d’ammoniac de 30 à 80 %. Si la technique se généralise, notamment dans l’Ouest et le Centre de la France, elle reste cependant difficilement utilisable dans les parcelles accidentées ou en pente. Autre difficulté : les matériels moins émissifs « présentent une complexité supplémentaire en termes d’organisation des chantiers et de temps de travail ». De plus l’incorporation rapide post-épandage nécessite davantage d’équipements et de main d’œuvre. Pour essayer de décoincer des impasses techniques et agronomiques, un groupe de travail va être constitué. Il n’en reste pas moins que ces alternatives coûtent cher : entre 2500 et 3000 € / mètre d’épandage. Pour faciliter l’accès à ces matériels, le rapport souligne les possibilités d’investissements collectifs ou de mutualisation. Les chambres d’agriculture seront en charge des efforts dans ce sens.
Mobiliser les Régions sur la qualité de l’air
Le rapport plaide pour une plus grande prise en compte de l’enjeu de la qualité de l’air. « En dépit de l’existence d’un dispositif de conseil aux agriculteurs plutôt bien développé et accessible en France, la thématique de la qualité de l’air est encore peu intégrée aux conseils agronomiques, équipements et investissements », note le document. Un des axes du rapport est ainsi spécifiquement dédié à l’amélioration de l’évaluation des émissions agricoles et la mise à jour plus régulière des données relative aux matériels d’épandage. D’autres actions plus transversales sont aussi prévues. Le rapport appelle ainsi à la mobilisation des Régions, dans le cadre de la mise en œuvre de la prochaine Pac. « Ce travail permettra d’une part, de réaliser un état des lieux des actions en faveur de la qualité de l’air figurant dans les programmes régionaux actuels et, de proposer des marges d’améliorations potentielles en engageant des discussions locales entre régions et Draaf/DDT », indique le document.
Elargir le périmètre du label éco-épandage
Les experts appellent aussi à renforcer la cohérence du programme d’action nitrates (PAN), en cours de révision, avec les enjeux environnementaux liés à l’azote, dont la qualité de l’air. Enfin, le document appelle à intégrer les enjeux liés à la qualité de l’air dans le label « éco-épandage », développé par l’Inrae et Axema. Le dispositif porte actuellement uniquement sur la régularité de l’épandage (bonne répartition des produits) et la préservation des sols (limiter le tassement).