Référence agro

Méthanisation : « en Allemagne, le marché s’est effondré », Alain Priser, Weltec

Le | Politique

Pour la société allemande de méthanisation Weltec, la France reste un des marchés les plus porteurs malgré les difficultés du secteur. La structure, qui emploie 80 personnes en Allemagne, conçoit et construit des unités dans 23 pays au monde. Rencontre avec Alain Priser, directeur commercial de Weltec, à l’occasion du Space, le salon des productions animales, qui s’est tenu du 15 au 18 septembre à Rennes. Référence environnement : Comment évolue le marché de la méthanisation en France ? Alain Priser : Il reste toujours trop compliqué. Les procédures sont longues et coûteuses. Il faut environ deux à trois années de montage. Toutefois, nous avons 18 réalisations en France et des projets en cours. R.E. : Quelle est la situation en Allemagne ? A.P. : Il y a près de 8000 installations, ce qui en fait un des pays les plus avancés. Pourtant, le vent a tourné depuis 2012 : nous avons 150 constructions par an environ alors que nous étions à des niveaux de 1000 installations chaque année avant 2012. Le prix de rachat du tarif d’électricité a été revu à la baisse et le marché s’est effondré. R.E. : Quelles sont les raisons de ce revirement de situation ? A.P. : Il y a eu une polémique sur le maïs, dont l’intégration dans les méthaniseurs est possible en Allemagne. C’est un produit miracle pour la méthanisation, son coût et ses facultés méthanogènes sont avantageux : les agriculteurs en ont donc semé et les citoyens ont eu l’impression de voir du maïs partout à cause du biogaz. Du coup, le gouvernement a décidé de baisser le tarif de rachat d’électricité, 16 ct/kWh environ. Le coût de la culture de maïs étant plus élevé, cela a pénalisé les exploitants mettant de fortes proportions de maïs dans le méthaniseur. Ce qui a donné un coup d’arrêt à la méthanisation, dont la rentabilité est plus difficile sans le maïs. Seuls les projets avec une éventuelle redevance des intrants d’origine agro-industrielle peuvent être encore intéressants, mais avec un investissement plus lourd sans garantie d’approvisionnement assuré à long terme. Le bonus d’utilisation thermique a aussi été supprimé depuis 2012. La France n’a pas la même approche : vous utilisez des déchets ou des sous-produits depuis le début, l’approche est plus durable. Notre structure a survécu grâce à notre développement à l’export. R.E. : Qu’en est-il des autres pays ? A.P. : En Europe, les marchés les plus prometteurs sont la France, malgré sa complexité, et la Grande Bretagne. Pour ce dernier, c’est surtout le traitement des invendus de supermarché et de la restauration qui vont dans les méthaniseurs. Quoiqu’il en soit la méthanisation est dépendante du tarif de rachat. Qui a baissé partout en Europe, à l’instar de l’Italie et de la République Tchèque.