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Miimosa veut atteindre les 500 M€ en 2024 pour la transition agroécologique

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500 M€ cumulés fin 2024 : c’est l’objectif affiché par la plateforme de financement dédiée à l’agriculture, Miimosa. En six ans, elle a permis la réalisation de 4000 projets. Son fondateur, Florian Breton, plaide pour l’hybridation des financements, pour accélérer la transition agroécologique. Entretien.

Miimosa veut atteindre les 500 M€ en 2024 pour la transition agroécologique
Miimosa veut atteindre les 500 M€ en 2024 pour la transition agroécologique

Référence Agro : Comment vous est venue l’idée de créer la plateforme Miimosa ?

Florian Breton : Au début des années 2010, je pressentais que l’agriculture était au cœur des enjeux à venir du XXIe siècle. L’alimentation était devenue une commodité, totalement déconnectée de l’agriculture. Pour accompagner la transition du secteur, deux leviers m’apparaissaient : la consommation et le financement, qui était jusqu’alors le pré-carré des banques mutualistes. Pour accélérer la transition agricole, il fallait faire évoluer le financement du secteur. Le premier projet a été financé en 2015. Nous étions alors la première plateforme européenne, et la deuxième au niveau mondial, à nous lancer sur cette thématique. Depuis, une quinzaine d’acteurs se sont lancés mais Miimosa reste la plus importante.

Référence Agro : De quelle manière sont financés les projets ?

F.B. : Au tout début, nous étions plutôt sur du microfinancement, via des dons avec contreparties en nature (produits, séjours à la ferme, etc). En 2018, nous avons obtenu l’agrément bancaire de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Cela nous permet d’emprunter et permet aux particuliers de placer leur épargne. Grâce à cet agrément, nous avons changé d’échelle dans le financement des projets. Nous avons obtenu un second agrément, en 2019 auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui nous permet de recueillir les investissements des personnes morales. Nous pouvons désormais monter jusqu’au million d’euros pour le financement d’un projet. Le taux d’intérêt moyen est de 4 %, ce qui est supérieur à ceux proposés par les banques pour le Livret A par exemple. En France, l’épargne pèse 5 milliards d’euros et près de 70 % de ses fonds iraient vers le financement de l’énergie fossile. Avec Miimosa, cette épargne peut être fléchée vers des actions utiles.

Référence Agro : Comment évaluez-vous la viabilité des projets qui souhaitent être financés ?

F.B. : Nos analystes financiers réalisent un scoring, portant sur 40 critères, en trois temps : le risque du projet, sa structuration et son impact environnemental et social. La note obtenue détermine le taux d’intérêt du projet. Nous refusons plus que nous n’acceptons de projets. Nous ne souhaitons pas amener les exploitants vers l’endettement si leur projet n’est pas assez solide. Cette analyse financière nous permet, contrairement aux banques, de ne pas prendre de garanties. Le besoin de financement augmente beaucoup dans le secteur agricole, mais les garanties n’ont pas grandi aussi vite. De plus en plus, pour les projets sous les 200 000 €, nous sommes une alternative aux moyens de financements classiques. Au-dessus de cette somme, nous sommes en cofinancement avec eux. A mon sens, cette hybridation est l’avenir du financement de la transition agroécologique.

Référence Agro : Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?

F.B. : A ce jour, 4000 projets ont été financés en six ans, soit 50 M€ cumulés. 150 nouveaux projets le sont chaque mois. En 2021, nous visons les 40 M€ récoltés, contre 3,5 M€ en 2018. Notre objectif est d’atteindre les 500 M€ cumulés fin 2024.