Mission parlementaire sur la ressource en eau : « Repenser totalement le lien eau-agriculture »
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La commission développement durable de l'Assemblée nationale auditionnait, le 20 juin, les rapporteurs du rapport rédigé suite à la mission d’information parlementaire sur la ressource en eau. Plusieurs propositions ont été émises, en conclusion des neuf mois de travail de cette mission. « Il est important de repenser totalement la relation entre la ressource et ceux qui sont en prise directe avec elle : les agriculteurs », introduit le rapporteur Adrien Morenas. Pour le député LREM du Vaucluse, l'agriculture doit raisonner son utilisation directe de l’eau, pour l'irrigation, mais aussi l’usage d’intrants polluants comme les engrais et les pesticides.
Vers un classement plus large des cours d’eau à protéger
Il déplore ainsi que depuis 2015, 20 % des cours d’eau ont été déclassés, et ne font plus l’objet de protection : « L’interdiction d’utiliser des traitements chimiques à moins de cinq mètres est révolue. Or, ces milieux souvent peu profonds sont des réservoirs de biodiversités fragiles. Étant situés en amont des grands cours d’eau, ils conditionnent à la qualité de ceux-ci. » Le rapport prône un retour au classement plus large en vigueur précédemment.
Eaux usées et retenues d’eau
En ligne avec plusieurs prises de paroles de Nicolas Hulot, les membres de la mission se positionnent pour une autorisation « très rapide » de la réutilisation de l’eau usée, pour les usages non liés à la consommation humaine et « sur la base des expertises scientifiques et sanitaires déjà réalisées. » Un plan national de préparation au changement climatique est également souhaité, listant les aménagements de cours d’eau nécessaires, avec une prise en compte de la préservation de la biodiversité. Enfin, les rapporteurs évoquent le rôle « essentiel » des retenues d’eau pour la gestion de l’eau.
Ne pas créer de distorsion de concurrence
La mission n’oublie pas d’aborder la situation complexe du secteur agricole. « Nous ne devons surtout pas stigmatiser les agriculteurs, qui sont les plus grands connaisseurs de l’enjeu « eau », souligne ainsi Adrien Morenas. Et garder à l’esprit la nécessité de pérenniser des revenus paysans enfin dignes. » Le rapport défend, en ce sens, la possibilité, pour les États membres de l’Union européenne, d’interdire l’importation de produits agricoles ayant subi des traitements interdits dans le pays d’accueil, surtout si l’interdiction est liée à la protection de l’eau.