Référence agro

Nicolas Hulot marque sa présence aux États généraux de l'alimentation

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C’était une promesse et un axe fort de sa campagne. Emmanuel Macron n’est finalement pas venu le 20 juillet à Bercy au lancement des États généraux de l’alimentation. Tout comme le ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, pourtant annoncés. Provoquant la déception de la filière agricole et alimentaire, qui a massivement répondu présente à l’invitation du Gouvernement.

Édouard Philippe ouvre l’évènement

Finalement à Istres pour tenter de rassurer les militaires, le Président s’est fait remplacer, à Paris, par le Premier ministre. Édouard Philippe a fixé quatre objectifs : définir un cadre clair pour mieux répartir la valeur, conforter la confiance des français dans leur alimentation, permettre l’accès à tous d’une alimentation de qualité et réconcilier agriculture et environnement.

Agriculteurs, instituts techniques, entreprises agro-alimentaires, commerces de distribution, associations de consommation et environnementales, etc… Tous ont exprimé tour à tour leurs attentes fortes de cet évènement qui durera jusqu’à la fin de l’année, avec des priorités parfois opposées. Peur que l’on parle trop alimentation et pas assez agriculture et inversement, que l’environnement prenne trop de place ou pas assez. Les curseurs font débat.

« Intelligence de l’homme et de la nature »

Très attendu, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, a lui répondu présent. Il est resté échanger avec la salle, avec son slogan « produisons de l’intelligence collective ». « Je fais un rêve d’associer l’intelligence de l’homme avec l’intelligence de la nature », indique-t-il. Philippe Mauguin, directeur de l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, cite cinq défis pour la transition écologique : la réduction des intrants ; la qualité de l’eau, de l’air et des sols ; le climat ; les produits bio-sourcés et les énergies renouvelables ; la biodiversité.

Un constat unanime toutefois, celui du manque de revenu des exploitants. Un préalable avant de parler d’évolution des pratiques. « En 2016, 50 % des agriculteurs vivaient avec un revenu inférieur à 350 euros par mois », indique Benjamin Griveaux, secrétaire d’État au ministère de l’Économie. Un constat inacceptable, bien sûr, et qui pose la question de la répartition de la valeur de la chaîne alimentaire. « Les agriculteurs souffrent, c’est injuste, a expliqué Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. Les États généraux doivent concrètement aboutir à un retour sur le prix pour pouvoir investir dans les exploitations. »

L’observatoire des prix et des marges montre que sur un produit acheté 100 euros par le consommateur, 6,2 euros reviennent à l’agriculteur, soit moins de 10 %. « Il ne faudrait pas que ces États généraux aboutissent à une augmentation du prix pour le consommateur », s’inquiète de son côté Alain Bazot, de l’UFC-Que Choisir.

Un agenda de solutions qui ne satisfait pas

Reste à savoir à quoi vont réellement aboutir ces États. « Nous proposerons un agenda des solutions à l’issue des travaux », a indiqué Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture. Une réponse trop faible pour bon nombre d’acteurs présents. « Nous réclamons une troisième phase de discussion pour les engagements politiques, a indiqué Audrey Pulvar, directrice de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). Un éventail de solutions dans lequel on irait piocher des idées ne nous convient pas. Nous voulons un chemin plus fort, davantage soucieux de l’environnement et de la santé des agriculteurs. »

Certains souhaitent que les conclusions se traduisent dans la loi. Le ministre de l’Agriculture a indiqué que cette voie n’est pas exclue et que la politique du ministère évoluera en cohérence avec ce qui ressortira des discussions. « Des décisions politiques seront prises, assure Stéphane Travert. Chaque atelier rendra un rapport avec des solutions à court, moyen et long termes. Nous n’allons pas nous arrêter en décembre. »

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