OGM, possibles conflits d’intérêt à l’Efsa pour 7 nouveaux membres du panel OGM, selon Testbiotech
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TestBioTech, ONG allemande dédiée sur les biotechnologies, a rendu publics, le 5 septembre 2024, les résultats de l’enquête qu’elle a menée à partir des déclarations d’intérêt effectuées par les nouveaux membres du panel OGM de l’Efsa. Référence agro fait le point avec l’Efsa et TestBio Tech.
« Sur 16 nouveaux experts du Panel OGM de l’Efsa, nommés en juillet 2024, sept sont des chercheurs qui ont développé des plantes génétiquement éditées (NGTs), dont certains ont des liens avec les industriels, ont déposé des demandes de brevets sur des plantes transgéniques ou NGT (pour cinq d’entre eux), et appartiennent à des associations qui militent activement pour la dérégulation des NGT. Le président du panel OGM, Josep Cucuberta, est également membre de ces associations pro-NGT, et conseille les industriels dans l’évaluation des risques » : TestBiotech, ONG allemande sur les biotechnologies, a rendu publics, le 5 septembre 2024, les résultats de l’enquête qu’elle a menée à partir des déclarations d’intérêt effectuées par les nouveaux membres du panel OGM.
Contactée par Référence agro, l’Efsa a répondu aux éléments mis en avant par l’ONG TestBiotech. Elle rappelle qu’elle place « la sécurité et la santé humaine avant tout, et a mis en place les procédures les plus strictes en Europe, notamment en ce qui concerne de potentiels conflits d’intérêts, qui nous amènent à exclure l’expert de tous travaux sur les champs concernés dès que ceux-ci sont avérés. »
L’Efsa répond à Référence agro
- « Il est important de rappeler qu’avoir un intérêt dans un champ n’implique pas nécessairement d’avoir un conflit d’intérêt. ll serait irréaliste d’attendre des experts des OGMs et des NGTs qu’ils n’aient pas de connaissance du développement et de l’étude de ces plantes dans la vie réelle -et ce n’est pas ce que nous cherchons.
- Nous avons mis en place des garde-fous permettant de garantir l’indépendance de nos recherches scientifiques tout en bénéficiant de l’expertise et de l’expérience des meilleurs experts. Des ONG telles que TestBiotech peuvent avoir un avis différent sur la question.
- Nous rendons toutes nos données publiques, et c’est cette transparence qui permet à TestBiotech d’examiner les déclarations d’intérêt de nos membres, par exemple. Nous lirons leur étude avec attention, et pourrons également en tirer les conclusions qui s’imposent, en suivant nos propres règles de gouvernance. »
TestBiotech répond à Référence agro
Astrid Österreicher, responsable politiques européennes de l’ONG explique :
- « tendance pro-industrie est allée croissant au fil des ans, transformant peu à peu l’EFSA en agence prestataire de services de la Commission. Nous ne nions pas le fait que la connaissance scientifique et sur le terrain des OGM soit nécessaire à l’évaluation des risques, mais pour autant, le panel OGM de l’EFSA n’a jamais été aussi pro-industrie ; cela crée bien évidemment un climat favorable aux OGMs et NGTs, d’une part, et cela entraîne la disparition d’autres expertises, pourtant indispensables, telles que l’écologie.
- S’il y a des experts affiliés à l’industrie, leur nombre doit clairement être limité, à un maximum de deux dans le panel. Le travail du panel ne porte pas sur la manière de produire ces plantes, mais sur l’évaluation des risques qu’elles présentent pour la santé et l’environnement.
- Or, nous continuons à dire que l’EFSA a accordé, depuis 10 ans, beaucoup d’autorisations d’importations de plantes OGM destinées à l’alimentation animale ou humaine, à notre avis sans évaluation suffisante des risques, du fait de données manquantes. Nous demandons une évaluation des risques plus rigoureuses dans le cadre des autorisations accordées aux OGMs, et nous demandons également une évaluation des risques pour les plantes issues des NGT.
• L’édition génomique modifie les caractéristiques des plantes, et nous demandons en premier lieu une caractérisation moléculaire des plantes, et y compris de toutes les modifications génétiques, voulues ou non, et des effets qui les accompagnent, et ce quelque soit le nombre de modifications apportées au génome, avant de décider si les NGT sont effectivement similaires aux techniques conventionnelles. La position de l’EFSA, votée par le Parlement, mais qui n’a pas été acceptée par la majorité des Etats-membres, reste sujette à discussion : l’ANSES, par exemple, a signifié son désaccord quant à la démarche d’évaluation des risques adoptée par l’EFSA.
• Ces questions d’indépendance de la science devront être au cœur des décisions concernant le choix du prochain directeur exécutif de l’EFSA. Et nous demandons également de reconsidérer la composition du panel OGM. »