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Open Agrifood milite pour un ministère de l’Alimentation élargi

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Avec la crise actuelle, l’alimentation est plus que jamais au centre des préoccupations des consommateurs. À l’issue des deux journées du Forum Open Agrifood, Emmanuel Vasseneix, son président, a appelé de ses vœux une plus forte implication des politiques dans la construction de la feuille de route de l’alimentation française : « La seule voie c’est celle du collectif et du collaboratif ». Pour que la valeur créée et le savoir-faire des filières restent sur les territoires.

Emmanuel Vasseneix (au centre), président d’Open Agrifood :  « Nous sommes passés d’un débat scienti - © D.R.
Emmanuel Vasseneix (au centre), président d’Open Agrifood :  « Nous sommes passés d’un débat scienti - © D.R.

L’Open Agrifood marque cette année un tournant, dans son organisation et dans la mission qu’il compte prendre à l’avenir. À l’issue des deux journées d’échanges qui se sont tenues les 4 et 5 novembre avec plus de 300 consommateurs et acteurs des filières alimentaires, Emmanuel Vasseneix, président de la Laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel (45) et de ce forum, a partagé son ambition d’aller plus loin avec les politiques. La nécessaire souveraineté alimentaire met en lumière le besoin d’accélérer la transition du modèle alimentaire. « Si notre alimentation est l’une des meilleures au monde, elle fait paradoxalement toujours l’objet de fortes préoccupations de la part des consommateurs », a-t-il rappelé. L’objectif d’Emmanuel Vasseneix est de construire la feuille de route de l’alimentation, le plan « Agirfood », sur lequel les candidats à l’élection présidentielle en 2022 devront s’engager. Le plan finalisé leur sera remis au cours du 2e semestre 2021.

Un ministère de l’Alimentation rassemblant tous les acteurs

D’ores et déjà, les organisateurs d’Open Agrifood interpellent les pouvoirs publics sur la constitution d’un ministère de l’Alimentation qui, bien sûr, intègre l’agriculture, mais s’ouvrirait à tous les acteurs impliqués : fournisseurs, transformateurs, industriels, transporteurs, restaurateurs, distributeurs, caristes, caissières… « Pour en finir avec les actions en silo ». Car la transition de l’alimentation ne peut s’accélérer que si elle est portée collectivement. Il tacle d’ailleurs les démarches lobbyistes, de tout bord, jugées « contreproductives ». Autre proposition, « sans coût pour la collectivité », glisse-t-il : l’implication du Conseil national de l’alimentation en qualité de régulateur. Sa mission serait aussi de vérifier la bonne mise en œuvre des actions décidées.

L’éducation à l’alimentation, des plus jeunes, et tout au long de la vie, a fait l’unanimité dans les débats, jusqu’à la consacrer discipline à part entière dans les programmes scolaires, avec une validation des connaissances lors du brevet des collèges. La proposition a donc été retenue. Les témoignages des consommateurs ont aussi mis en lumière le besoin de plus de justice sociale dans l’accès à une alimentation de qualité. Le président d’Open Agrifood invite les politiques à l’inscrire dans la constitution. Enfin, il propose qu’Open Agrifood prenne le relais des Egalim, pour maintenir ces temps de dialogue essentiels entre toutes les parties prenantes.

Déployer l’éducation alimentaire, un fort consensus

Pendant toute l’année 2020, une vaste enquête à laquelle ont participé 1300 personnes, complétée par 100 interviews, a permis d’isoler les 78 actions qui constituent le socle du plan Agirfood. Les participants ont pu voter sur les principales mesures lors des tables rondes. Celles qui ressortent en tête ? Renforcer l’éducation à l’alimentation et, pour le volet agricole, étudier la mise en place de PSE - paiements pour services environnementaux. Ce vote marque la reconnaissance du rôle des agriculteurs dans le maintien des écosystèmes, « les premiers défenseurs de l’environnement », comme l’a indiqué, Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, en introduction de ces journées de débat.