PAC et biodiversité : les surfaces d’intérêt écologique font toujours débat
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« Nous étudions la possibilité de mettre des productions agricoles sur les surfaces d’intérêt écologique tout en maintenant l’objectif de préservation de la biodiversité », a indiqué Pierre Bascou, de la DG Agri à la Commission européenne à l’occasion du colloque « Agriculture et biodiversité » organisé par Proléa, la filière française des huiles et protéines végétales, le 31 mai. « Mais ce n’est pas extrêmement facile, je le dis avec une grande prudence », a-t-il insisté. Une réponse potentielle donc, à une partie des organisations agricoles opposée à la proposition de laisser 7 % de la SAU en surfaces d’intérêt écologique dans le cadre de la politique agricole commune. « Une aberration totale » « 7 % de non production me parait une aberration totale, a expliqué Gérard Tubery, président de la FOP, la fédération française des producteurs oléagineux et de protéagineux. Le monde a besoin de production et de croissance économique. » Chacun y va de sa proposition pour faire évoluer la suggestion initiale de la Commission européenne. Christian Rousseau, membre fondateur de l’Institut de l’agriculture durable, IAD, prône la mise en place de grilles d’évaluation et de coefficients pour mesurer l’intérêt de certaines pratiques en matière de biodiversité : haies, taillis, bandes enherbées, surfaces non labourées, pourcentage de légumineuses, nombre de jours où les parcelles sont couvertes, etc. Si ces pratiques permettent de développer la biodiversité, Lionel Vilain, en charge du dossier agricole à France nature environnement, insiste sur la nécessité d’avoir des éléments pérennes sur l’exploitation comme des arbres. « Nous souhaitons que l’agroforesterie soit davantage pris en considération dans la PAC car la culture de l’arbre a encore une image négative auprès des exploitants », a pour sa part indiqué Sylvie Monnier, de l’association des arbres et haies champêtres. Un besoin en conseil agricole Quoiqu’il en soit, pour Pierre Bascou, la légitimité de la PAC passe par son verdissement et par des mesures favorisant la biodiversité. « La proposition n’est pas de mettre 7 % de jachères mais bien des types de surfaces ayant également un impact sur le sol et l’eau, explique-t-il. Nous aurons besoin d’un système de conseil agricole fort. Nous allons par ailleurs faire un effort important en recherche et innovation avec un triplement des budgets alloués. » Les associations environnementales sont vigilantes à l’évolution des discussions. Si WWF soutient le projet actuel de Bruxelles, l’association refuse la mise en place de « cultures de rentes » sur les zones d’intérêt écologique. « Nous ne soutiendrons pas la PAC si sur ces 7 %, on met des subventions pour des cultures », a indiqué Bernard Cressens directeur des programmes à WWF. Pour Xavier Beulin, président de la FNSEA, qui concluait le colloque, « ce qui nous importe est d’avoir des outils pour évaluer l’impact d’une technique agricole et de s’assurer qu’elle va dans le bon sens. »