Pac : le Parlement européen soutient l’interdiction des pesticides sur les SIE
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C'est acté. Il ne sera plus possible en Europe d'utiliser des pesticides sur les surfaces d'intérêt écologique, dans le cadre de la Politique agricole commune. Les ONG saluent ce vote du Parlement européen en faveur de la biodiversité. Des organisations agricoles craignent une diminution des surfaces de cultures riches en protéines.
Le 14 juin 2017, le Parlement européen a soutenu la proposition de la Commission européenne d'interdire l'utilisation des produits phytosanitaires sur les surfaces d'intérêt écologique (SIE) dans le cadre de l'ajustement à mi-parcours des mesures de verdissement de la politique agricole commune. Il s'est en effet opposé à la résolution de son Comité agriculture qui demandait de rejeter ce texte, craignant que la mesure n'entraîne une diminution des surfaces de cultures riches en protéines. Le texte devrait être prochainement publié au journal officiel de l'UE pour une entrée en application en janvier 2018.
Réactions
Les réactions sont nombreuses, entre victoire et déception. Pour les eurodéputés socialistes et radicaux, la question de l'indépendance en protéines végétales « ne se réglera pas à travers les SIE, mais par une vraie stratégie d'importation des sojas ». Ils interpellent par ailleurs le Gouvernement qui « n'a pas pris position sur le sujet, preuve des contradictions qui minent sa composition ». Pour Alain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, LPO, le signal est clair : « une grande majorité du Parlement européen a choisi une Pac plus verte. »
« Alors que les surfaces d'intérêt écologique ont été conçues pour offrir des refuges à toutes ces espèces qui aident les agriculteurs, l'épandage des pesticides y était autorisé, réagit Carmen Etcheverry, chargée de mission à France nature environnement. Elles ne pouvaient alors remplir leur rôle ; nous nous félicitons que cela change ! »
La Fédération des producteurs d'oléagineux et de protéagineux (FOP) estime que cette décision est une remise en cause des orientations politiques de 2013. « Alors que ces dispositions favorisaient la diversité des assolements, participant à la réponse contre le changement climatique et créant une source d'approvisionnement en protéines locales pour l'élevage européen, la décision européenne interroge quant aux attentes à l'égard de la production agricole, estime la Fop. Elle rappelle que, « sans un soutien franc et massif à l'acte de production en agriculture, il sera impossible d'enrayer la perte de confiance des producteurs d'oléoprotéagineux français et européens dans un plan protéines ambitieux et dans un projet européen novateur. » Même son de cloche pour les producteurs de blé (AGPB), de maïs (AGPM) et de betteraves (CGB) : « cette décision entraînera une diminution des cultures intermédiaires et une forte baisse des légumineuses, en contradiction avec trois des objectifs majeurs de la PAC et du verdissement », indiquent-ils dans un communiqué commun du 15 juin.
Le Copa Cogeca déplore l'interdiction des pesticides sur les SIE « y compris pour les bandes d'hectares éligibles le long des forêts et les surfaces de cultures dérobées, de couverture végétale ou les cultures fixatrices d'azote. »
La réglementation européenne impose que tout agriculteur qui possède plus de 15 hectares de terres arables alloue 5 % de ses surfaces aux SIE.