Paiements pour services environnementaux : « compléter la boîte à outils agricole », Philippe Goetghebeur, Agence de l’eau Rhin-Meuse
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Pour Philippe Goetghebeur, chef du service milieu-agriculture-sage à l’Agence de l’eau Rhin-Meuse, le sujet des paiements pour services environnementaux (PSE) en agriculture ne tombe pas du ciel. Il existait avant que le Plan biodiversité du gouvernement introduise ce concept dans les onzièmes programmes d’action des Agences de l’eau, validés fin 2018.
Référence environnement : Où en êtes-vous dans l’appréhension des PSE au sein de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse ?
Philippe Goetghebeur : Pour nous comme pour les autres Agences, qui dit « aide accordée aux agriculteurs », dit « encadrement européen ». Nous attendons le feu vert avant d’agir, que ce soit pour un dispositif expérimental ou un dispositif plus pérenne. Mais sur l’idée, nous sommes d’ores et déjà très largement sollicités par des porteurs de projets, notamment des collectivités, pour la mise en place de PSE. La demande, en vue de partenariats à construire avec le monde agricole, est là.
R.E. : Que pouvez-vous faire en attendant ce feu vert ?
P.G. : Nous sommes en réflexion sur le ciblage de ces PSE. Nous pensons avancer avec les collectivités les plus dynamiques, qui s’efforcent de préserver les aires de captage.
R.E. : Quelle est votre vision de ce type de dispositif ?
P.G. :L’Agence de l’eau perçoit clairement l’intérêt de ce type de dispositif, qui permettrait d’avancer à la fois sur les dossiers « pollutions agricoles » mais aussi « biodiversité », qui sont structurants pour la résilience de ce secteur d’activité. Nous y voyons un « chaînon manquant », dans la panoplie dont nous disposons déjà. Les outils actuels ne sont pas toujours pérennes, ni adaptés aux enjeux locaux. Nous comptons quelque 300 captages dégradés : tous ne peuvent pas être abordés de la même manière. De plus, nous sommes proches de l’Allemagne où la rémunération des agriculteurs, sur les aires d’alimentation de captage, est pratiquée depuis longtemps, dans le cadre de montages analogues aux PSE, pour déployer les cultures à bas niveau d’intrant.
Mais attention à ne pas en faire un dispositif « miraculeux », ou même suffisant en soi. Je le vois plutôt comme une approche complémentaire aux leviers déjà existants pour l’aide à la conversion, le foncier ou les démarches de filière.