Référence agro

Perturbateurs endocriniens : les prises de décision piétinent

Le | Politique

La définition générale des perturbateurs endocriniens prend du retard, tant au niveau européen que français : attendue pour juin, elle n'est désormais espérée que pour septembre. Le sujet, qui concerne l'ensemble des produits chimiques, est complexe et lourd de conséquences… et des points de blocage subsistent. En Europe, la proposition de la Direction générale de l'Environnement, à savoir la classification en deux catégories (1 : perturbateurs endocriniens avérés ; 2 : perturbateurs endocriniens suspectés), ne fait pas l'unanimité au sein de la Commission. Les critères généraux à prendre en compte dans le règlement Reach sur les produits chimiques devraient désormais voir le jour en septembre. Les spécificités relatives aux biocides et aux pesticides sont quant à elles respectivement prévues pour novembre et décembre. En France, la finalisation du texte de la stratégie nationale est attendue pour la conférence environnementale des 20 et 21 septembre. Ce texte devrait d'ici peu être mis en ligne sur le site du ministère chargé de l'Ecologie pour consultation publique.

Pour l'industrie phytopharmaceutique, le système fondé sur deux catégories va au-delà de ce qu'exige le règlement (CE) n° 1107/2009 relatif aux pesticides, à savoir la définition de critères qui permettent d'établir si oui ou non la molécule présente un effet perturbateur endocrinien. Si ce système est maintenu, la profession souhaite au moins que seules les substances actives classées dans la catégorie 1 - celle des perturbateurs avérés - soient exclues. Ne pas prendre en compte l'exposition et l'évaluation des risques représente, pour elle, une application excessive du principe de précaution, qui mettrait en péril la compétitivité de l'agriculture française et européenne.


Un impact conséquent


Selon les industriels, si les substances actives appartenant aux deux catégories étaient amenées à être exclues, 40 % du marché européen de la protection des cultures serait impacté. Certaines classes comme les triazoles (céréales, vigne) seraient très affectées, comme le seraient les dithiocarbamates sur pommes de terre, légumes, certains insecticides (pyréthrinoïdes), herbicides, et même les phéromones… Les rendements en grandes cultures, notamment en blé et colza, baisseraient de 10 à 20 %. La qualité des produits serait également touchée, notamment en raison des mycotoxines.

En France, la filière se mobilise actuellement pour connaître plus précisément les impacts sur les différentes cultures.