Plan de relance, la FNH s’oppose à l’agriculture de précision
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Dans un document formulant des propositions pour mettre le plan de relance au service de l’écologie, la Fondation Nicolas Hulot liste plusieurs propositions pour l’agriculture. Dans ce cadre, elle appelle à ne pas financer l’agriculture de précision. Une position qui a fait réagir sur le terrain.
En amont de la présentation, par le Gouvernement, du plan de relance de 100 milliards d’euros, la Fondation Nicolas Hulot a fait connaître ses priorités en la matière. Pour que ce plan aille dans le sens de la transition écologique, trois secteurs seraient à réguler : le bâtiment, les transports, et l’agriculture. En ce qui concerne cette dernière, l’objectif affiché est que « l’agroécologie et l’agriculture biologique deviennent la norme ».
Les positions sur l’agriculture de précision font réagir
Dans ce cadre, la Fondation estime que l’agriculture de précision est un projet « à ne surtout pas financer », au même titre que le financement de nouveaux projets routiers ou le lancement d’un programme EPR. Pour justifier sa position, la Fondation indique que l’agriculture de précision « prolonge la logique de l’agriculture conventionnelle en cherchant à corriger les problèmes à l’échelle de la plante et de la parcelle plutôt que le système agricole ». Pour la FNH, ces pratiques vont à l’encontre d’une des cinq conditions* qu’elle énonce pour lier plan de relance et écologie, à savoir ne donner aucun moyen « à des actions nocives au climat ou à la biodiversité ». La proposition n’a pas manqué de faire réagir au sein du secteur agricole. « Ils ne comprennent vraiment rien au XXIe siècle et à l’avenir des agricultures », regrette sur Twitter, Vincent Guyot, céréalier dans l’Aisne. « En bio, on utilise énormément de nouvelles technologies, comme le binage de précision avec caméra », abonde, également sur Twitter, Mickaël Joubier, producteur d’œUFS, de céréales et de légumes bio.
50 % de la Pac pour l’agroécologie
Par ailleurs, la Fondation Nicolas Hulot fixe un objectif pour les six prochains mois, celui de relocaliser une partie de l’économie française. A cette échéance, la FNH voudrait voir instaurer une prime à l’investissement de 330 M€ annuel pendant trois ans, pour « soutenir les gestionnaires de restauration collective publique et privée dans la conversion des pratiques », telles que la lutte contre le gaspillage ou la formation à la cuisine de produits de saison. Autre action souhaitée : la dotation de 10 M€ par an aux collectivités territoriales dédiée à l’animation de 200 systèmes alimentaires territoriaux durables. Enfin en ce qui concerne la prochaine Pac, la Fondation voudrait que 50 % de son budget soit alloué aux systèmes agroécologiques, par la biais de PSE ou des MAEc. En parallèle, et en ce qui concerne l’international, la structure en appelle à stopper les accords de libre échange du Ceta et avec le Mercosur, revoir le contenu des accords existants pour faire primer les droits social et environnemental, et de mette en place un « buy sustainable act » pour privilégier les entreprises locales et nationales dans les marchés publics, ce qui est actuellement interdit.
*Les cinq conditions : sanctuariser 20 milliards d’euros d’investissements publics par an jusqu’en 2030, pas 1€ ne doit aller à des actions nocives au climat ou à la biodiversité, instaurer des contreparties aux soutiens publics, ne laisser personne de côté en mettant les moyens pour la formation, le Haut conseil pour le climat comme tour de contrôle du plan de relance.