Pollinisateurs : sept actions pour un plan de protection renforcé
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Sept champs d’actions pour renforcer le plan « France, Terre de pollinisateurs ». C’est ce qu’annoncent officiellement Ségolène Royal et Barbara Pompili, ce 22 novembre à Paris. Initié le 20 mai 2015 par la ministre de l’Environnement, le plan affiche l’objectif « zéro perte d’espèce de pollinisateurs ». Il a déjà notamment abouti à l’interdiction de l’utilisation agricole de certains produits contenant des néonicotinoïdes à compter de 2018.
Les pistes prévues pour le prolonger :
- Renforcer l’ambition accordée aux communes « Terre saine », n’utilisant pas de pesticides : une enveloppe de 10 000 € est prévue afin de soutenir des actions bénéfiques pour les pollinisateurs tels que les hôtels à insecte et le semis de plantes.
- Valoriser et encourager les communes qui s’engagent pour les pollinisateurs grâce au label APIcité.
- Accélérer le développement des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs au niveau des filières agricoles et entreprises agroalimentaires.
- Développer un réseau national de stations de mesure pour surveiller l’évolution de la diversité et de la densité des populations d’abeilles.
- Accélérer la recherche de solutions pour lutter contre le frelon asiatique par un soutien financier des travaux du Muséum national d’histoire naturelle et de l’Institut national de la recherche agronomique.
- Développer la formation des agriculteurs, en lycées agricoles et par les sciences participatives via des plateformes de recensement des pollinisateurs et plantes, Spipoll et Florabeille.
- Optimiser la gestion des dépendances vertes routières en entretenant des ressources florales de mars à octobre pour nourrir les pollinisateurs.
Parcs, semenciers, collectivités, industries et scientifiques se mobilisent
Cette même journée, les ministres ont invité le public à une mobilisation en faveur des pollinisateurs. Elles ont choisi pour l’occasion de mettre en avant huit projets exemplaires en matière de protection des abeilles et de sensibilisation à l’enjeu pollinisateurs. Parmi lesquels :
- La plateforme nationale Beewapi.com, mise en place par les acteurs du secteur semences et destinée à faciliter la mise en relation des apiculteurs avec les multiplicateurs.
- L’inventaire des espèces d’abeilles et l’étude du lien entre leur diversité et la part des éléments semi-naturels herbacés dans le milieu de récolte, menés par des élèves d’un lycée agricole en relation avec l’Inra.
- L’évaluation du service écosystémique qu’est la pollinisation, réalisé par le Centre national de la recherche scientifique (Cnrs) et l’École nationale supérieure de formation de l’enseignement agricole (Ensfea).
- L’aménagement de sites d’accueil pour les pollinisateurs, leur recensement et les opérations de communication réalisées par Lyon métropole dans le cadre du projet européen Urbanbees.
- Le travail de la société Réseau transport électricité (RTE) pour favoriser la mise en place de milieux ouverts propices à l’hébergement des pollinisateurs sous les lignes (travail sur les tranchées forestières et les prairies fleuries).
- La création et le développement de la charte harmony pour promouvoir les bonnes pratiques agricoles comme la préservation de la biodiversité par la biscuiterie LU.
- Le lancement du concours récompensant les prairies fleuries par la Fédération des parcs naturels régionaux.
D’après une étude menée depuis mars 2016 par le Conseil d’orientation stratégique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), plus de 250 projets concernant la protection des pollinisateurs ont ainsi été initiés en France.
Des projets appuyés par l’enjeu économique de la pollinisation
Le 21 novembre 2016, à la veille de cette mobilisation, paraissait un rapport du Commissariat général au développement durable concernant les services rendus par les pollinisateurs. D’après lui, 5,2 % à 12 % des productions végétales françaises destinées à l’alimentation humaine sont dépendantes des pollinisateurs. Ce qui correspond à un service évalué entre 2,3 et 5,3 milliards d’euros en France. À l’échelle mondiale, ce même service représente 235 à 577 milliards de dollars d’après la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).