Pour dépasser le clivage agriculture-environnement, la FNSEA prône la concertation
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« Le climat change, changeons ensemble ! », s’est exclamée la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Christiane Lambert, lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat, le 4 septembre 2019. Elle est revenue à cette occasion sur les points chauds de l’été, avec en premier lieu la sécheresse touchant la France depuis juin. Avec des pertes pour les agriculteurs français estimées à 80 millions d’euros, « c’est l’année de tous les records et de tous les superlatifs », constate tristement Christiane Lambert. Alors que le réchauffement climatique va multiplier la fréquence de ces épisodes extrêmes, le syndicat s’affirme en mouvement.
Ouverture sur la gestion de la ressource en eau
Dans ce cadre, sa présidente est revenue sur la question du stockage de l’eau, sujet traditionnel de discorde avec les associations de préservation de l’environnement. Si Christiane Lambert a regretté des résistances historiques, elle a néanmoins mis en avant le souhait du syndicat de s’inscrire dans les « projets territorialisés de gestion de l’eau » et d’aller dans le sens de la concertation. « Notre démarche est d’aborder la question de l’eau avec les parties prenantes plus en amont, dès l’élaboration de nos projets. Nous devons arriver à quitter l’opposition entre agriculture et environnement. » Christiane Lambert s’est par ailleurs montrée satisfaite des récentes déclarations du ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume.
Défense des chartes riverains face aux arrêtés anti-pesticides
Autre point chaud évoqué, celui des arrêtés anti-pesticides pris par plusieurs maires de France. Le syndicat regrette une « exacerbation » de la violence subie par les agriculteurs au sujet de l’usage de produits phytosanitaires, découlant de ces initiatives. Et dénonce une démarche n’ayant pas lieu d’être. « 150 mètres, c’est un chiffre farfelu. Bonjour la friche ! Vous pensez que les agriculteurs vont entretenir des parcelles pour ne rien produire ? Cela va juste entraîner plus de salissement et donc un recours plus important aux phytosanitaires », se désole Christiane Lambert.
Elle préfère mettre l’accent sur la rédaction et les signatures actuelles des chartes riverains. Tous ces documents devraient avoir été signés d’ici à la fin de l’année, selon l’engagement de la FNSEA. « Nous développons des relations avec des associations environnementales que nous n’avions pas avant », souligne la présidente du syndicat. Elle cite ainsi l’exemple de France nature environnement, qui sera signataire de la charte riverain dans les Deux-Sèvres.
Rencontre avec le Premier ministre
Christiane Lambert a une nouvelle fois condamné le dénigrement subi par le secteur agricole. En particulier les intrusions de plus en plus fréquentes dans des élevages par des associations se disant abolitionnistes. À ce sujet, les représentants de la FNSEA devaient rencontrer le 4 septembre en fin d’après-midi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
Sur le plan politique, le secrétaire général de la FNSEA, Jérôme Despey, a également abordé la question des accords de libre-échange. Si le syndicat « prend acte » de la déclaration récente d’Emmanuel Macron, s’opposant « en l’état » à l’accord avec le Mercosur, la FNSEA regrette « un double discours » sur cet accord et celui du Ceta avec le Canada, déjà ratifié par la France. « Nous avons besoin de garanties », a-t-il plaidé.
Dernier sujet de crispation évoqué, celui du loup. En 2018, celui-ci a causé 12 000 pertes d’animaux, rappelle le syndicat, qui demande que soient autorisés des tirs de défense au sein des parcs nationaux. « Dans les Hautes-Alpes, 700 pertes sont comptabilisées depuis janvier 2019. Nous n’allons pas effrayer le loup du parc des Écrins avec des casseroles. Nous comprenons que le sujet des prélèvements est sensible, nous demandons donc les moyens de pouvoir faire fuir les animaux en dehors », détaille Jérôme Despey