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Pour l’AGPB, la perte de CA des producteurs de blé s’élève à plus de 3 Mds €

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En 2024, les producteurs de blé accusent une perte de chiffre d’affaires dépassant 3 milliards d’euros, selon l’AGPB. L’association de producteurs appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures urgentes comme un prêt garanti par l’État.

Philippe Heusèle, secrétaire général de l’AGPB, et Eric Thirouin, président de l’AGPB - © D.R.
Philippe Heusèle, secrétaire général de l’AGPB, et Eric Thirouin, président de l’AGPB - © D.R.

Les producteurs de blé subissent une perte globale de chiffre d’affaires de plus de trois milliards d’euros en 2024, d’après l’association générale des producteurs de blé (AGPB), qui a tenu sa conférence à Paris le 5 septembre. 2024 Selon son président, Éric Thirouin, chaque exploitation pourrait enregistrer un manque à gagner compris entre 50 000 et 100 000 euros. Face à cette situation, l’association demande des mesures urgentes, notamment un prêt garanti par l’État (PGE) agricole pour aider les producteurs à surmonter cette crise.

Un décrochage des rendements depuis 2015

La production de blé tendre a chuté à 25,98 millions de tonnes en 2024, soit une baisse de 26 % par rapport à 2023, où elle atteignait 35,08 Mt. Le rendement est également en recul, avec 62 quintaux par hectare cette année contre 73,9 qx/ha l’an passé. Eric Thirouin souligne que cette tendance à la baisse des rendements remonte à 2015, année où ils atteignaient 79,3 qx/ha.

Le prix de vente « départ ferme » du blé a également baissé à 170 €/tonne, contre 200 €/tonne en 2023. L’AGPB explique que l’écart avec le prix des marchés (214 €/e sur Euronext en 2024) s’est creusé, notamment à cause de la hausse des coûts de transport et de collecte.

La deuxième année consécutive dans le rouge, une première

L’association pointe un manque de 550 euros par hectare pour couvrir les coûts de production, le prix de revient du blé tendre s’élevant à 264 €/tonne, tandis que le prix payé aux agriculteurs n’est que de 175 €/tonne.  « L’effet ciseaux est extrêmement fort cette année, pour la deuxième fois. En 2023, les agriculteurs étaient dans le rouge, mais l’année 2022, qui avait été bonne, avait permis de garder la tête hors de l’eau. Ce n’est pas le cas en 2024, indique Eric Thirouin. Des discussions sont en cours avec l’État et les banques pour obtenir des prêts bonifiés, mais la situation politique complique les décisions rapides. »

« Les coopératives font leur possible pour trouver des débouchés efficaces »

Quid du rôle des organismes stockeurs ? « Les coopératives font tout leur possible pour trouver des débouchés efficaces ; certaines vont puiser dans leurs fonds propres pour atténuer la situation, indique Eric Thirouin. Mais il n’y aura pas de miracle. Tout le monde devra se serrer la ceinture. »

Le président de l’AGPB dénonce également une « liquidation programmée de l’agriculture française », rappelant que, malgré les efforts, les réglementations restrictives fragilisent la production agricole. Il appelle à des solutions concrètes, telles que le développement des NGT et des infrastructures pour le stockage de l’eau.

Enfin, l’AGPB met en garde contre la perte de souveraineté alimentaire de la France, l’un des rares pays capables d’exporter des céréales, avec la Russie, le Canada, les États-Unis et l’Ukraine.