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« Préserver les aides agricoles pour la protection de l'eau », Patricia Blanc, directrice de l'Agence de l'eau Seine Normandie

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Référence environnement : De quelle manière le budget des Agences de l’eau diminuera-t-il ?

Patricia Blanc : Plusieurs mesures du projet de loi de finances en discussion au parlement impactent le budget 2018 des Agences de l’eau, avec un prélèvement de 200 M€ sur leur trésorerie. À cela, s’ajoute une augmentation de leur contribution au financement de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office national de la chasse et de faune sauvage (ONCFS). Pour le bassin Seine Normandie, ces mesures n’auront pas de conséquences en 2018 car nous avons bénéficié de plus de recettes que prévu en 2016 et 2017. Mais nos capacités d’intervention seront diminuées d’environ 15 % sur la durée du 11e programme, soit sur la période 2019-2024, par rapport à la fin du 10e programme.

RE : Quelles seront les conséquences de ces coupes budgétaires ?

P.B. : La réduction des aides concernera le prochain programme. Nous sommes en train d’y travailler. Nous finaliserons les lignes d’ici à octobre 2018.

Parmi les priorités qui se dégagent, l’adaptation au changement climatique, qui concerne les économies d’eau et la lutte contre les fuites au niveau de l’eau potable. Autres thèmes forts : la reconquête de la biodiversité, la préservation de la qualité de l’eau ou encore la baisse de l’impact sur la santé des principaux polluants.

Quoiqu’il en soit, les aides à l’agriculture seront préservées : les exploitants doivent investir et nous devons leur assurer une stabilité financière. 250 M€ sont dédiés à l’agriculture pour les six Agences dont environ 100 M€ pour le bassin Seine Normandie. C’est un poste important dans notre territoire. Les aides sur les zones de captages d’eau potable, celles dédiées au plan Écophyto, à l’investissement en agriculture biologique, ou encore à la réduction des nitrates dans l’eau, ne seront pas rabotées.

A contrario, nous allons réduire de 25 à 30 % l’enveloppe dédiée aux stations d’épuration. De très gros efforts financiers ont été alloués à la modernisation de ces installations ces dernières années. L’argent dégagé servira donc à alimenter les autres projets.

RE : Les Agences pourront-elles compter sur d’autres moyens ?

P.B. : Quelques pistes se dégagent comme le projet de redevances sur l’artificialisation des sols. Nous pouvons aussi optimiser nos interventions par une meilleure coordination avec les autres financeurs, ainsi qu’avec l’AFB et l’ONCFS. Les Agences régionales de la biodiversité pourraient également constituer une bonne instance de dialogue afin que les acteurs travaillent mieux ensemble.

*LPO, SNPN, Humanité&biodiversité, SFEPM, Surfrider