Référence agro

Présidentielle - Les promesses agricoles d'Emmanuel Macron

Le | Politique

Emmanuel Macron est devenu officiellement, le 14 mai, le huitième Président de la Ve république. Si le ministre de l’Agriculture devrait être nommé le 16 mai par Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre, ex député et maire du Havre sous l’étiquette Les Républicains, Emmanuel Macron a déjà livré sa vision du secteur agricole au cours de sa campagne.

Bio et local dans les cantines

À l’instar du « ni droite ni gauche », il entend être le Président d’une agriculture plurielle, aussi bien conventionnelle que biologique. Il a déjà annoncé l’objectif de 50 % de produits bio ou locaux dans les cantines scolaires d’ici à 2022, notamment dans le cadre des projets alimentaires territoriaux (PAT).

Il souhaite également réduire les intrants, mais de manière plus incitative que coercitive. Les cinq milliards d’euros sur cinq ans du programme d’investissement d’avenir agricole doivent aller dans ce sens, en privilégiant la modernisation, la mise aux normes des exploitations et l’investissement dans les nouvelles technologies, comme l’agriculture de précision ou le numérique. La séparation de la vente et du conseil en matière de pesticides a aussi été plusieurs fois évoquée lors de sa campagne.

Grenelle de l’alimentation

Autres idées-phares : instaurer un système de paiement pour services environnementaux avec une enveloppe de 200 millions d’euros par an. Un des premiers chantiers devrait être le lancement du Grenelle de l’alimentation. L’objectif : rassembler autour de la table tous les maillons de la filière, de l’agriculteur au consommateur, pour définir les règles de partage de valeur.

Le nouveau Président a également indiqué qu’il entendait multiplier par deux les énergies renouvelables.

Réactions : le monde agricole salue l’élection

Félicitations et réactions se sont multipliées à la suite de l’élection d’Emmanuel Macron. Syndicats, associations, organisations professionnelles… ont tour à tour adressé leurs vœux. Sans oublier de rappeler leurs attentes.

La FNSEA a salué le projet « d’une France forte dans une Europe protectrice et ouverte sur les grands enjeux ». Le syndicat espère que « ses treize propositions pour les 200 premiers jours » seront reprises dans la feuille de route du prochain ministre de l’Agriculture, qui « devra être très présent et impliqué à Bruxelles, car sans l’Europe, l’agriculture n’a pas d’avenir. » Pour la FNSEA, le prochain ministère de l’Agriculture devra « réconcilier agriculture, environnement et société » et axer son travail sur « une simplification des normes », en intégrant les territoires ruraux. Quant au choix d’Edouard Philippe à Matignon, le syndicat estime que « c’est un signe d’ouverture et de rassemblement, fidèle à l’esprit du programme du Président de la République. »

Plusieurs associations environnementales, dont FNE, LPO et WWF France demandent la mise en place « d’un grand ministère du développement durable, avec à sa tête un ministre d’État, numéro deux dans l’ordre protocolaire », ajoutant que l’agriculture « doit avoir un ministère à part entière. »

Les Jeunes écologistes restent sceptiques : « Le programme qu’il défend, marqué par une idéologie néolibérale complètement dépassée et l’absence de prise en compte réelle des crises écologique, sociale et démocratique, ne correspond pas à ce qui est nécessaire aujourd’hui. »

Les écologistes déplorent particulièrement « la nomination comme Premier ministre d’un élu qui a aussi été cadre dirigeant chez Areva. (…). Le député Édouard Philippe s’était d’ailleurs opposé et avait voté contre la Loi de transition énergétique. » Ils souhaitent la mise en place d’un grand ministère de l’Environnement.

Pour l’APCA, l’enjeu de ce quinquennat est de taille : « redonner confiance et optimisme aux agriculteurs français. » Au travers de leurs 31 propositions, qu’elles espèrent voir reprises par le Président et son futur ministre de l’Agriculture, les chambres d’agriculture ambitionnent d’insuffler un nouveau développement agricole, pour une agriculture innovante et créatrice de valeur ajoutée.

Coop de France liste également les défis à relever : recréer de l’emploi en milieu rural, conquérir de nouveaux marchés, moderniser le monde agricole, relancer le projet européen en étant offensif…

Les « Jeunes Agriculteurs » saluent également l’élection du nouveau président et attendent de lui « ouverture et écoute ». Pour eux, parmi les sujets prioritaires : l’installation des jeunes, le renouvellement des générations, la défense des producteurs français à l’échelon européen, la négociation de la future Pac. L’invitation est lancée pour recevoir le nouveau président au congrès national des JA le 8 juin à Dunkerque.

Stéphanie Ayrault et Anne Gilet