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Protection des plantes, le fonctionnement des agences sanitaires en débat

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Quel équilibre trouver entre innovation et sécurité alimentaire ? Une vaste question posée par le réseau européen Euractiv, lors d’un débat organisé le 4 juin dans les locaux du Parlement européen à Paris. Si les débats et propos tenus se voulaient informels, Référence environnement a pu contacter différents intervenants de cet évènement pour revenir sur la teneur des échanges.

Les agences, garantes d’un débat scientifique

L’une des thématiques principalement abordées était la protection des plantes. Parmi les pistes d’innovation les plus attendues par la société se trouve le remplacement des pesticides par des solutions alternatives. Les firmes se mobilisent. Directeur d’UPL France, Thierry Lecat affirme que la part du biocontrôle dans son chiffre d’affaires passera de 8 à 25 % à cinq ans. « Mais pour le moment, les agences d’évaluation ne donnent pas la priorité à ces produits, contrairement à ce qui a été annoncé », regrette-t-il.

Les agences sanitaires freineraient-elles l’innovation ? Non, répond Dominique Potier. Mais leur fonctionnement mérite plus d’autonomie et plus de transparence, juge-t-il. Le lien entre les agences européenne et nationale doit être plus resserré. » Le député de Meurthe-et-Moselle fait de ces agences les véritables garantes d’un débat scientifique. « Notre rôle de politique n’est pas de délibérer sur telle ou telle molécule dans les hémicycles, sous le coup de l’émotion d’une actualité, mais de garantir le sérieux du fonctionnement de ces agences. »

Inrae comptera une direction pour orienter les politiques publiques

Mettre plus de science dans l’action politique vis-à-vis des règlements liés aux produits de la protection des plantes, c’est aussi la posture défendue par Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). « Nous créerons au sein d’Inrae, la structure qui réunira prochainement l’Inra et l’Irstea (1), une direction spécifiquement dédiée à l’accompagnement des politiques publiques », annonce-t-il.

Les processus d’homologation, eux-mêmes, pourraient également évoluer, selon Christian Huyghe : « L’évaluation des effets différés dans les systèmes agricoles est peu prise en compte. Tester une solution sur neuf mois, dans une parcelle, ne permet pas de savoir comment se dérouleront les évènements si elle est utilisée sur toute une région, plusieurs années de suite. » Une approche plus globale à laquelle souscrit Dominique Potier. « Y compris pour le biocontrôle, insiste-t-il. D’accord pour qu’il y ait un guichet prioritaire pour ces solutions, mais l’homologation doit garder la même exigence ! »

(1) Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture