Rapport de l’Unesco : « Il faut changer les règles de l’agriculture moderne »
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__Un rapport supplémentaire sévère sur l’agriculture moderne vient d’être publié.__ Cette fois c’est l’Unesco qui pointe les inégalités de partage de la valeur ajoutée provenant des sciences agronomiques en faveur des pays riches. Et invite à modifier l’angle d’approche. Il faut changer les règles de l’agriculture moderne, alertent les 400 auteurs, des chercheurs internationaux (1) : « Le statu quo n’est plus une option ». % %% Achim Steiner, secrétaire du Programme des Nations unies pour l’environnement, estime que « si nos systèmes agricoles continuent de mettre l’accent uniquement sur la maximisation de la production au coût le plus bas, l’agriculture connaîtra une grande crise dans vingt à trente ans ». %% % Parmi les recommandations, les pratiques dites « agro- écologiques » permettraient de rétablir les équilibres. Et les biocarburants de seconde génération sont vus d’un bon œil. A.D. Dans une situation marquée par la flambée des prix des produits agricoles, ce document souligne l’inégalité de partage des gains de productivité obtenus depuis 50 ans grâce à la science. Et l’urgence à agir « si la communauté internationale veut éviter que l’augmentation de la population et les changements climatiques ne se traduisent en une explosion sociale et un désastre environnemental ». %% % Car, selon les auteurs, ces progrès dus aux sciences agricoles se sont traduits dans bien des cas par un coût social et environnemental important. Parmi les recommandations, les pratiques dites « agro- écologiques » permettraient de rétablir les équilibres ainsi qu’une plus grande proximité entre la production des matières agricoles et des consommateurs auxquels elles sont destinées. Selon les auteurs, 35 % des terres très dégradées dans le monde l’ont été par des activités agricoles. % %% Pour les OGM, la discussion a été plus compliquée, sur fond de désaccord. L’association Crop Life International, regroupant notamment les firmes qui commercialisent les OGM avait annoncé son retrait de la table des discussions en octobre 2007. Pour Marianne Lefort, agronome et co-auteur du rapport Unesco, estime qu’il faut trouver un compromis entre une agriculture qui « place la technologie au centre de tout progrès et celle privilégiant les savoirs locaux ». % %% Par ailleurs, l’engouement pour les biocarburants à base de maïs et de canne à sucre, une des principales causes de l’augmentation de la faim dans le monde, fait l’objet de critiques sérieuses. Le rapport souhaite que la recherche s’accélère pour produire de l’éthanol à partir de biomasse résiduelle, comme les résidus de bois. % %% Les conclusions ont été soumises à l’approbation du panel intergouvernemental de l’IAASTD (Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement). %% % Malgré cette alerte, lancée sur fond d’émeutes de la faim dans les pays les plus fragiles, certains chercheurs, restent sceptiques sur les possibles évolutions des pratiques agricoles. L’aide d’urgence, comme celle annoncée le 14 avril par les États-Unis, « ne règle pas le problème à moyen et long termes » et les barrières au commerce agricole continuent de s’élever au lieu de tomber, ce qui désavantage encore les pays importateurs de denrées agricoles, déjà soumis aux plus fortes augmentations de prix. » % %% % %% (1) Réunissant 400 spécialistes de l’agriculture provenant des universités, des gouvernements, de l’entreprise privée et de la société civile, l’Évaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement s’attaque aux problématiques agricoles comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) combat les changements climatiques.