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Réforme de la PAC, 3600 scientifiques présentent dix actions urgentes

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Simbol flag of european union - © D.R.
Simbol flag of european union - © D.R.

Les semaines passent, et toujours aucun accord en vue sur le cadre financier pluriannuel de l’Union européenne pour la période 2021-2027. Et donc sur l’enveloppe qui sera dédiée à la Politique agricole commune, Pac, pour l’après 2020. Le sommet spécial du conseil européen organisé fin février n’a pas fait avancer les choses. Dans ce contexte, 3600 chercheurs, issus de 63 pays, ont présenté le 8 mars, un article dans la revue People and nature, une série de dix actions urgences pour réformer la Pac, estimant que la proposition de la Commission européenne devait être « considérablement améliorée ». « La politique agricole commune de l’Union européenne (UE) façonne le secteur agricole de l’UE et soutient une variété de pratiques contribuant à la perte de biodiversité à grande échelle, au changement climatique, à l’érosion des sols et à la dégradation des terres », indiquent les scientifiques.

Sur l’ensemble des scientifiques, la France, avec 254 signataires, est le troisième pays européen le plus représenté. De nombreux organismes de recherche y ont participé, comme l’Inra, le CNRS, le Museum national d’histoire naturelle, le Cirad, l’IRD ou des universités.

Dix actions techniques

Les scientifiques appellent à un changement « fondamental » de la Pac pour relever l’ensemble de ces défis environnementaux et socio-économiques. Le verdissement de la Pac annoncé avec le Green Deal ou la mise en place « d’eco-schemes » (autrement dit des Paiements pour service environnementaux, PSE), manquent encore de précision pour les scientifiques. Ces derniers proposent donc une liste de dix mesures « urgentes », et techniques, accompagnées d’objectifs et d’options de mise en œuvre :

1- Transformer les paiements directs en paiements pour les biens publics, afin d’utiliser les fonds publics pour financer les eco-schemes par exemple ;

2- Fournir un soutien suffisant pour une atténuation du changement climatique visant à réduire les émissions de GES avec un focus sur les engrais azotés ou l’élevage ;

3- Soutenir des instruments pour maintenir la biodiversité et les écosystèmes, en rétablissant par exemple les exigences d’avant 2009 de réserver au moins 10 % de la superficie agricole utilisée pour les habitats naturels et semi-naturels ;

4- Promouvoir des approches innovantes pour répondre aux défis environnementaux comme la rémunération basée sur les résultats MAEC, ou l’introduction d’un système de points pour récompenser les agriculteurs pour leurs investissements ;

5- Améliorer la planification spatiale et la mise en œuvre collaborative de mesures au niveau du paysage ;

6- Obliger les États membres à définir des objectifs précis, ambitieux et réalistes pour atteindre les objectifs de la Pac, dans leurs Plans stratégiques ;

7- Réviser les indicateurs pour s’assurer qu’ils s’appuient sur les meilleures données scientifiques disponibles et sont conformes à ceux des ODD ;

8- Renforcer la surveillance pour garantir que les instruments de la PAC aboutissent à des résultats souhaitables ;

9- Identifier et traiter les impacts mondiaux de la PAC, en particulier dans les pays du Sud, afin de réduire les fuites environnementales et les effets négatifs mondiaux sur l’utilisation des terres ainsi que les distorsions du marché par l’agriculture de l’UE ;

10- Améliorer la gouvernance de la PAC et sa réforme afin de renforcer la transparence, la responsabilité, la participation et l’utilisation des connaissances.