Renouvellement européen du glyphosate : le suspens demeure, les réactions s’enchaînent
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Faute d’être assurée d’obtenir une majorité qualifiée, la Commission a préféré, le 19 mai, à la fin du comité réunissant les experts des États membres, reporter une seconde fois le vote relatif au renouvellement de l’approbation du glyphosate. Or, l’échéance se rapproche : l’approbation de la molécule expire au 30 juin 2016.
Pourtant, les représentants de la Plateforme glyphosate France(1) se montraient confiants, le 17 mai, lors d’un point avec la presse, « les instances scientifiques officielles françaises et européennes ayant confirmé sa sécurité sur le plan sanitaire et environnemental. » Et parce qu’une récente expertise du groupe de travail OMS/FAO sur les résidus de pesticides, rendue publique le 16 mai, conclut que le glyphosate est peu susceptible de présenter un risque cancérogène pour l’homme par l’alimentation.
Incertitudes au niveau français
La Plateforme glyphosate France s’étonne par ailleurs des dires de Marisol Touraine, ministre chargée de la Santé, sur France info le 18 mai matin. Selon elle, le glyphosate serait un perturbateur endocrinien. De nouvelles études seraient attendues en 2017 et d’ici là, la molécule « ne sera pas autorisée en France », quelle que soit la décision européenne. « Cette déclaration de la ministre discrédite totalement l’expertise scientifique de l’Anses qui, dans un avis daté de février dernier, stipule qu’il est « peu probable que le glyphosate ait un effet potentiel sur la perturbation endocrinienne », réagit la Plateforme glyphosate France.
les réactions s’enchaînent
Les partisans de la molécule regrettent bien sûr cette absence de décision, les détracteurs, eux, s’en félicitent, espérant un futur retrait.
Pour les entreprises phytopharmaceutiques regroupées au sein du Groupe de travail sur le glyphosate (GTF, pour Glyphosate Task Force), l’absence de vote concernant le renouvellement de l’approbation de la substance active « représente un retard sans précédent par rapport au délai standard prévu dans le cadre européen pour la ré-approbation des substances actives. » Et d’ajouter que « les retards de cette nature, en particulier au moment des dernières étapes du processus, mettent clairement en évidence une politisation aiguë de la procédure de réglementation. »
France nature environnement (FNE), de son côté, appelle « les États membres indécis, à savoir l’Allemagne, l’Italie, la Slovaquie, l’Autriche, le Portugal et les Pays-Bas à rallier la position courageuse de la France en se positionnant contre la ré-autorisation du glyphosate pour protéger l’environnement et la santé publique. »
La délégation socialiste française au Parlement européen se félicite également du report de décision : « C’est la preuve que la mobilisation de plusieurs États membres, dont la France, paye. Il faut aller jusqu’au retrait. » Et pour Ségolène Royal, le blocage de l’autorisation de la molécule est « une très bonne nouvelle. » G.G.
(1) La Plateforme glyphosate France, qui réunit Adama, Arysta LifeScience, Dow AgroSciences, FMC, Monsanto, Nufarm et Syngenta, est la déclinaison française du groupe de travail européen sur le glyphosate. Ce groupe d’une trentaine d’entreprises a travaillé au renouvellement du glyphosate, via le dépôt d’un dossier réglementaire commun.