Restons constructifs !
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« La parfaite raison fuit toute extrémité… », écrivait Molière. La surenchère politique, en cette période de campagne municipale, commence à friser le ridicule. Après les maires ruraux qui signent des arrêtés imposant des ZNT habitations de 150 m ou interdisant le glyphosate, tout en sachant qu’ils ne sont pas habilités à prendre de telles mesures, voilà que les élus locaux de cinq grandes villes font également leur coup de com' : Paris, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille et Nantes annoncent le 12 septembre interdire les pesticides sur leur territoire.
Certes, les produits phytosanitaires de synthèse restent encore autorisés en ville dans certaines zones comme les parcs privés, les voies de chemin de fer… mais la réglementation en proscrit déjà l’usage par les collectivités depuis 2017 et par les particuliers depuis le début de l’année 2019. Une démarche qui montre que dans la liste d’initiatives anti-phytos, qui commence à être longue, c’est à celui qui saura le mieux se distinguer pour capter l’attention médiatique. Le 10 septembre, c’était le Val-de-Marne qui s’illustrait en annonçant un arrêté à l’échelle départementale.
Restons constructifs. Le système européen en matière de réglementation phytosanitaire est reconnu comme étant le plus protecteur au monde et la France est la première à surenchérir la réglementation en la matière. L’UIPP et l’Anses rappellent respectivement, dans un communiqué et une actualité publiés cette semaine, que même la protection des riverains est prise en compte lors de l’évaluation d’un produit. La phytopharmacovigilance offre ensuite, une fois la spécialité mise sur le marché, une veille protectrice.
Oui, le système peut être amélioré. Alors focalisons-nous sur sa perfectibilité. Les mesures prises en la matière ne manquent pas. Proactives, les chartes déjà signées sur le terrain entre agriculteurs et riverains en font partie. La réglementation évolue également : preuve en est, le règlement (UE) 2019/1381 paru au JO de l’UE du 6 septembre. Ce texte, qui, à l’initiative de la Commission européenne, vise à améliorer la transparence et l’indépendance de l’évaluation des risques relative aux produits phytosanitaires entre autres, ne fait pourtant pas le buzz… Dommage, il représente l’occasion de dépassionner le débat en matière de pesticides et de regagner la confiance du consommateur et du citoyen.