Retrait de phytos : le Copa-Cogeca s’inquiète des conséquences économiques
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Le retrait de nouveaux produits phytosanitaires du marché menacerait l'approvisionnement en denrées alimentaires de qualité et ferait augmenter le chômage, coûtant ainsi des milliards d'euros à l'économie : telle est la conclusion d'une étude européenne réalisée par le consultant Steward Redqueen, fondée sur les informations fournies par les organisations membres du Copa-Cogeca, le Comité des organisations professionnelles agricoles et de la coopération agricole de l'UE.
Publiée le 6 juillet et commentée le jour même par le Copa-Cogeca, cette étude traite de l'impact cumulatif d'une approche législative fondée sur les dangers et non sur les risques. Une approche que Bruxelles a tendance à adopter ces derniers temps, en ce qui concerne le glyphosate, les néonicotinoïdes et les perturbateurs endocriniens.
Distorsions de concurrence inquiétantes
« De nombreux produits phytosanitaires disparaissent, ce qui a des répercussions négatives pour les agriculteurs européens mais également sur l'environnement, l'emploi et l'économie, souligne Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca. De plus, un bon nombre de substances mentionnées dans le rapport continuent d'être utilisées en dehors de l'UE. Cela nous place dans une position de désavantage compétitif sans que le consommateur européen puisse en tirer profit. »
L'étude a identifié 75 substances qui risquent d'être retirées du marché. Ces retraits impacteraient tout le secteur des grandes cultures, avec des estimations de baisses de rendement allant jusqu'à 40 % pour certains produits de base. La rentabilité des exploitations agricoles pourrait baisser jusqu'à 40 %, avec des pertes totales atteignant 17 milliards d'euros. Seraient également menacés 30 % des 1,2 million d'emplois sur les sept cultures de base (orge, blé, colza, maïs, pommes de terre, betteraves sucrières, raisin) et 300 000 emplois sur 24 cultures spécialisées.
Des impacts déjà constatés
« Nous devons agir », conclut Max Schulman. Le président du groupe de travail « céréales » du Copa-Cogeca relève que les effets de l'interdiction des semences traitées aux néonicotinoïdes sur la production de colza, de maïs et de tournesol se ressentent déjà. « Les rendements ont chuté, au même titre que les surfaces emblavées, car certains agriculteurs, ne souhaitant pas prendre de risques, se tournent vers d'autres cultures. Le colza disparaît de ce fait des rotations de cultures, ce qui a des conséquences négatives sur l'environnement. » Et d'ajouter que s'il n'y a plus de rotation dans les substances actives, des résistances se développeront d'autant que le remplacement des molécules retirées est peu probable.