Référence agro

Sécheresse 2018 : le stockage de l'eau à nouveau en question

Le | Politique

La situation de sécheresse est critique. Au 21 août 2018, 55 départements étaient concernés par au moins un arrêté préfectoral limitant certains usages de l'eau et dix départements placés en vigilance. Selon Météo-France, cet été devrait s’intercaler au deuxième rang des étés les plus chauds depuis 1900, après 2003.

Une situation qui pose à nouveau la question du stockage de l’eau. Dans un communiqué commun, la FNSEA, Irrigants de France, Coop de France, les chambres d’agriculture (APCA) et les Jeunes agriculteurs (JA) pressent le Gouvernement d’agir. À la même époque l’an passé, Stéphane Travert et Nicolas Hulot semblaient favorables au stockage de l’eau l’hiver, « là où c’est utile et durable. »

Des mesures attendues du gouvernement

Or « aucune mesure n’a été prise pour mener une politique active et ambitieuse su stockage de l’eau », estiment les organisations. Lancé à la demande des ministères de l’Écologie et de l’Agriculture le 2 novembre 2017, le rapport de la cellule d’expertise sur la gestion de la ressource en eau est attendu par la profession et les associations environnementales. Coordonné par le préfet Pierre-Étienne Bisch, il tarde à sortir. « Il aurait du déjà être publié, insiste Éric Frétillère, président d’Irrigants de France et d’Europe. Nous sommes inquiets car nous craignons qu’il accouche d’une souris. »

La Vendée mise sur les retenues

Éric Porcher, responsable eau à la FDSEA et à la Chambre d’agriculture de Vendée, estime que la politique le stockage hivernal de l’eau sur le département permet aujourd’hui aux agriculteurs de continuer à irriguer sans peser sur les ressources. L’irrigation représente 10 % de la pluviométrie annuelle, puisée soit dans les 25 réserves de substitution, soit par pompage. Une enveloppe de 30 millions d’euros est prévue, depuis 2013, pour la création des stockages.

Deux nouvelles réserves devraient voir le jour cette année et une autre en 2019. « La profession agricole a su se faire comprendre des élus et de l’administration, explique Éric Porcher. Nous avons également réalisé des efforts en réduisant de 30 % nos besoins en eau. Avec ces nouvelles réserves, nous n’irriguerons pas davantage mais nous réduirons les prélèvements dans les cours d’eau pendant la période estivale. »

Les associations plébiscitent la transition agro-écologique

Camille Dorioz, coordonnateur agriculture à France nature environnement (FNE), le reconnait : « Le mouvement environnemental a conscience que l’agriculture a besoin d’eau. Mais il faut d’abord que les systèmes évoluent et s’adaptent au changement climatique. »

La deuxième partie des assises de l’eau, de septembre à novembre, porte justement sur cette question. Une occasion d’aborder la pertinence ou pas de la création de retenues d’eau et de discuter tous les acteurs des territoires et les parties prenantes.

Sans répondre précisément à la problématique, Stéphane Travert a rappelé que sur les cinq milliards d’euros du grand plan d’investissement français dédiés à l’agriculture, une enveloppe servirait à financer « de l’irrigation contrôlée dans les régions où il n’y en a pas. » La profession agricole déplore là encore le manque de « visibilité sur les moyens financiers qui y seront réellement affectés. »