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SIA2019 - Une édition riche d’échanges dans une ambiance sereine

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Neuf jours riches en actualité. Le Salon de l’agriculture, qui s’est tenu du 23 février au 3 mars 2019, a encore une fois constitué un des temps fort de l’année pour le monde agricole. Pourtant, le chiffre officiel est tombé : 633 213 visiteurs ont arpenté les allées du Parc des expositions de la porte de Versailles, soit une baisse de 6 % par rapport à l’édition 2018. Les organisateurs du salon expliquent ce résultat par un climat social tendu et une météo clémente, qui aurait dissuadé les citoyens de s’enfermer dans les différents pavillons du Salon.

Quoi qu’il en soit, le salon a rempli l’un de ses objectifs : nouer ou renouer le dialogue avec les citoyens. « Les questions tournent autour du bien-être animal et des pesticides, reconnait Claude Petitguyot, éleveur en système polyculture dans le Jura, membre de #agridemain. Le monde agricole a été trop sûr de lui pendant des dizaines d’années. Nous avons oublié de parler de nous et de communiquer. »

Les initiatives autour des pesticides sous les feux des projecteurs

Pour répondre aux attentes de la société, les démarches actant l’absence de résidus de pesticides ont la cote. Demain la Terre a lancé deux signatures dans ce sens : « Cultivé sans pesticide de synthèse » et « Sans résidu de pesticides ». Les coopératives bretonnes Prince de Bretagne, Savéol et Solarenn ont présenté leur charte commune dédiée aux tomates « Cultivées sans pesticides ». Et Bonduelle a annoncé la création de sa gamme « sans résidus de pesticides détectables ». Des chartes rendues possibles par les efforts des agriculteurs pour trouver des alternatives aux produits phytosanitaires.

 

La signature du contrat de solutions par Didier Guillaume, lors du Salon, acte la reconnaissance par l’État de l’engagement du secteur agricole dans ce domaine. L’initiative, qui regroupe désormais 43 organisations agricoles, a suscité un débat organisé par TV Agri, avec Référence environnement, sur le stand du Siècle vert. Un stand d’ailleurs dédié au dialogue sur les pesticides où visiteurs, politiques et acteurs des filières agricoles étaient invités à s’exprimer sur leurs attentes pour les années à venir.« Nous allons partir de ces échanges pour bâtir notre prochaine feuille de route, explique Delphine Guey, responsable communication de l’Union des industries de la protection phytosanitaire, UIPP. L’eurodéputé d’Europe Écologie les Verts, Yannick Jadot, est même resté près d’une heure sur notre stand. Si nous ne partageons pas les mêmes points de vue, nous avons pu échanger, c’est très positif. »

La recherche a également mis l’accent sur les travaux en cours pour se projeter sur des itinéraires zéro pesticide. À titre d’exemple, l’Inra a lancé un programme avec l’Allemagne intitulé « On the road to chemical pesticides-free agriculture » pour construire une communauté scientifique autour de ces enjeux. L’Acta, l’Inra et l’APCA ont officialisé la plateforme pour les solutions alternatives au glyphosate.

Toujours en réponse aux attentes des citoyens, les contours du nouveau référentiel du label Agri Confiance ont été dévoilés, avec ses 120 critères couvrant les domaines de l’éthique, de l’environnement et de la RSE. Le label rejoint le Club Agata, œuvrant au développement de la biodiversité sur les exploitations. Et l’Agence bio mettait en avant l’impact du commerce équitable sur le développement durable.

La bioéconomie, un thème montant

Dans la multiplicité des concours, dont les résultats sont traditionnellement annoncés lors du SIA (agrobiodiversité, Agreen start, excellence bio ou encore le programme national de l’alimentation), un petit nouveau est apparu. Les Trophées de la bioéconomie ont livré leur premier palmarès le 28 février. Cet événement a permis d’expliquer aux citoyens que les agriculteurs sont acteurs de la transition écologique de la société. La maison du 21e siècle ne sera pas uniquement composée d’électronique ou équipée de domotique. AgroParisTech en a présenté la preuve avec sa « maison du biosourcé », où bon nombre d’objets du quotidien sont déjà fabriqués à partir de matériaux biosourcés ou recyclés.

De multiples partenariats

Les organisations agricoles, associations, entreprises, industriels… ont profité du salon pour annoncer ou renouveler leurs partenariats. Sur la méthanisation, les structures agricoles et les poids lourds de l’énergie ont fait un pas les uns vers les autres : la FNSEA se rapproche d’Engie et l’APCA de GRDF. Dans un autre domaine, Terrena et les Magasins U ont renouvelé leur engagement autour de la Nouvelle agriculture, NA, avec pour projet de développer de nouvelles filières, notamment en agneau et charcuterie de volaille. McDonald’s s’est par ailleurs engagé contractuellement auprès de cinq coopératives de fruits et légumes. Terres Univia et Bleu-Blanc-Cœur ont présenté les deux cahiers des charges adoptés ensemble concernant le soja et la féverole d’origine France.

Des prises de positions osées

Parmi les communications qui ont marqué le salon, celle d’Interbev sur le flexitarisme incarne la concertation engagée par l’interprofession avec la société civile. Les Jeunes agriculteurs ont insisté sur leur rôle essentiel dans le modèle agricole de demain avec le slogan : Construisons l’avenir de l’agriculture.

Le digital en force au Sia et au Sima

Le numérique n’était pas en reste notamment sur le stand de la Ferme digitale. Il permet aussi de jouer la carte de la solidarité puisque Solaal a profité du Sia pour annoncer le lancement d’une Appli sur le don agricole. De tracer les productions, à l’instar du projet d’Intercéréales sur le blé, l’orge et le maïs. Ou de réduire l’usage des pesticides. Mais c’est surtout au Sima que le digital s’est imposé. 230 000 visiteurs se sont rendus du 25 au 28 février au salon du machinisme agricole, un chiffre stable par rapport à 2017. Les solutions et start-up présentes il y a deux ans sont montées en puissance. Pour les distributeurs et les fournisseurs d’intrants, le digital constitue surtout l’opportunité de collecter davantage d’informations du terrain, puis de les analyser pour proposer des services plus performants.

Passage obligé, notamment en vue des élections européennes, de nombreux politiques se sont rendus au Sia. Les organisateurs ont comptabilisé 57 visites officielles, dont Emmanuel Macron, qui a déambulé pendant plus de 14 heures, et Édouard Philippe. Ils ont pu aller à la rencontre du monde agricole dans un climat calme, sans presque aucune manifestation, même émanant des gilets jaunes comme le craignaient les autorités.