« Soigner les dimensions économiques et sociales », Michel Dubromel, président de FNE
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Élu à la tête de France nature environnement (FNE) à la mi-avril, Michel Dubromel a un parcours fortement marqué par le monde associatif. Ingénieur chimiste, il a débuté sa carrière dans l’industrie, avant de s’orienter vers les thématiques environnementales. Marqué par son origine alsacienne, il a toutefois fini par prendre des responsabilités nationales, en tant que responsable du « réseau transports et mobilité durables » de FNE de 2003 à 2015. Il a également été membre du Comité économique et social européen de 2015 à mars 2017, jusqu’à sa nomination à la présidence de France nature environnement. Référence environnement l’a rencontré pour évoquer l’agriculture et l’actualité politique forte.
Référence environnement : Comment s’est déroulée votre élection à la tête de FNE ? Quel programme avez-vous défendu ?
Michel Dubromel : Pour la première fois, nous avons convenu que les candidats se déclareraient en amont de l’assemblée générale. Cela permet à chacun de proposer un vrai programme. Mon projet se situe dans la continuité de mon prédécesseur, qui a réalisé un travail de fond sur la notoriété de FNE, avec un nouveau logo, le slogan « pour un monde vivable ». Je souhaite décliner cette tendance au niveau territorial, auprès des 3600 associations locales.
R.E. : Quelle est votre proximité avec les thématiques agricoles ?
M.D. : Je vous rassure : même si mes prérogatives n’étaient pas centrées sur l’agriculture, je suis sensible à ce sujet. Le fonctionnement de FNE impose l’échange, sur chaque sujet, avec les spécialistes. Je crois que l’agriculture biologique est l’avenir. De par mon expérience dans le monde de l’entreprise, je sais qu’un changement n’est possible qu’en soignant les dimensions économiques et sociales. Je suis conscient de la crise traversée par le secteur. Il faut donc assurer des transitions. La Politique agricole commune, Pac, est une opportunité importante. L’agro-écologie aussi, avec le retour à un certain bon sens que cela implique. C’est pourquoi nous étions fortement engagés autour de la politique de Stéphane Le Foll.
R.E. : A ce sujet, que pensez-vous de la nomination de son successeur, Jacques Mézard, et de celle de Nicolas Hulot ?
M.D. : France nature environnement a salué la nomination de Nicolas Hulot, un homme de conviction, issu de la société civile qui a déjà beaucoup œuvré pour l’urgence écologique, à la tête d’un grand ministère de l’Écologie, haut dans la hiérarchie ministérielle. Mais nous avons également rappelé qu’au-delà du ministère de la Transition écologique et solidaire, c’est l’ensemble du gouvernement qui doit être mobilisé pour que la transition écologique devienne une réalité. À cet égard, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, que nous ne sommes pas aujourd’hui en capacité de juger, aura un rôle majeur pour mettre en place la transition vers l’agro-écologie. Nous souhaitons que les États généraux de l’alimentation annoncés permettent de rendre accessible à tous une alimentation plus saine.
R.E. : En amont de ces nominations, comment FNE s’est investie dans la campagne, finalement emportée par Emmanuel Macron ?
M.D. : Nous avons mené notre propre campagne ! Association apolitique, ça ne veut pas dire association silencieuse. Nous avons rencontré les candidats ou leurs équipes. Nous sommes satisfaits de retrouver certaines de nos attentes dans son programme, parfois dans des termes très proches des nôtres. Nous avons insisté, avec d’autres associations, sur l’importance d’États généraux de l’alimentation, impliquant tous les acteurs. Ses objectifs en matière de réduction des pesticides et son intérêt pour le bio dans les cantines sont des signaux forts, cohérents avec nos positions.