Sommet du Végétal : Stéphane Le Foll peine à convaincre
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La compétitivité, tel était le maître mot du Sommet du Végétal qui s'est tenu à Nantes les 19 et 20 février. Une compétitivité mise à mal par les récents arbitrages politiques, ont insisté les organisateurs Orama, l'AGPB, l'AGPM et la Fop. Ils ont profité de l'occasion pour réaffirmer leurs attentes auprès du ministre de l'Agriculture, venu le 20 février. Lequel n'a que partiellement convaincu l'auditoire, réagissant vivement aux propos du ministre. Les réponses apportées seront à concrétiser, estime Orama. Par ailleurs, « des questions importantes restent pendantes, en matière de redistribution des aides par exemple, et la portée des réponses du ministre dépend du rythme et des modalités de leur mise en œuvre », poursuit l'organisme. Innovation, OGM, taux de protéines, agro-écologie, environnement… les thèmes abordés au cours de ce colloque ont été particulièrement nombreux.
Redistribution des aides PAC
Les producteurs craignent des distorsions de concurrence avec les autres Etats membres. Ils s'opposent à la redistribution d'une partie de l'enveloppe nationale au 52 premiers hectares, qu'il considère comme un signal implicite indiquant que les céréaliers peuvent vivre avec cette surface. Ils souhaitent que le gouvernement s'en tienne à une redistribution maximale de 10 % après 2016. Le ministre n'a pas commenté ce point.
Accord professionnel sur le taux de protéines
Les organisations demandent que l'accord professionnel sur le taux de protéines soit mis en place dès la prochaine campagne de commercialisation afin de répondre aux marchés méditerranéens. Le ministre s'est engagé à l'étendre à l'ensemble de la production française de blé avant ce délai.
Assurance climatique
Les céréaliers souhaitent développer l'assurance climatique qui représente aujourd'hui 30 % des surfaces et qui pourrait être portée à 70 %, estiment-ils. Le ministre a indiqué qu'il travaillait à un dispositif pour assurer les agriculteurs faces aux aléas climatiques, dans le cadre de la loi de finances. Des propositions devraient émerger à l'automne.
Protéagineux
Le ministre a réaffirmé son intention de recoupler 2 % des aides du premier pilier en faveur des cultures protéiques. Ce qui conduirait à une enveloppe de 145 M€, à répartir entre les polyculteurs-éleveurs et les céréaliers. Si les céréaliers réclament la moitié de l'enveloppe, le ministre ne s'est pas avancé sur un montant, indiquant qu'il avait aussi des demandes des éleveurs. Il a insisté toutefois sur l'importance de créer des filières en élevage pour assurer un débouché à ces protéines.
Environnement
Les discussions ont été houleuses sur l'environnement : les producteurs exprimant leur ras le bol des contraintes administratives et leur mécontentement sur les mesures de verdissement de la nouvelle PAC. Stéphane Le Foll a indiqué qu'il soutenait auprès de la Commission européenne la pratique du mulching sur maïs dans les mesures de verdissement.
Il a annoncé que la MAEc zones intermédiaires serait effectivement mise en place « Le projet est proche de l'ancienne MAE rotationnelle, indique Gérard Tubery, président de la Fop. Nous demandons que l'aide soit fixée à 100 euros par hectare ».
Les producteurs ont demandé que les équivalences dans le cadre des surfaces d'intérêt écologique, proposées par la France, soient maintenues. Des coefficients largement diminués par Bruxelles, d'un facteur treize en moyenne. Stéphane Le Foll a assuré qu'il faisait tout, avec son homologue allemand, pour changer la position de la Commission notamment sur les implantations de haies et d'arbres.
Sur les nitrates, le ministre a indiqué qu'il était favorable au développement de l'outil Azur, mis en place par la filière, sur le pilotage de la fertilisation. « Cette méthode me convient », a-t-il indiqué. Les producteurs espèrent que cet outil sera déployé dans les bassins d'alimentation de captage d'eau potable. Toutefois, alors que les producteurs s'insurgent sur les nouvelles contraintes touchant l'utilisation d'engrais dans les terrains dont la pente est supérieure à 20 %, le ministre s'est montré plus réservé, expliquant les marges de manœuvre réduites de la France du fait du contentieux européen en la matière.
OGM et recherche génomique
En matière d'OGM, Stéphane Le Foll a annoncé un débat, permettant de faire la balance des coûts et bénéfices, qui aura lieu le 29 avril à l'occasion du colloque du HCB, le Haut Conseil des Biotechnologies. Effet d'annonce ou réel débat en perspective ? Les participants au colloque étaient quelque peu perplexes sur la volonté du ministre d'engager un réel débat constructif. Pour finir sur une note positive, Stéphane Le Foll a indiqué que l'état s'engageait dans la recherche génomique et variétale, par le biais de l'Inra dont les financements en la matière atteignent 50 M€. Sept cultures sont particulièrement ciblées : blé, maïs, betterave, colza, tournesol, pois protéagineux et cultures énergétiques. « La France assure la coordination mondiale du génotypage du blé », a-t-il indiqué.
Photo : de gauche à droite : Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, Gérard Tubery, président de la Fop et Christophe Terrain, président de l'AGPM.